Sabotage, du réalisateur Daniel Goldhaber, est un bon film, sa controverse devient intéressante, lorsqu'il dépeint de façon très méthodique, cet ultime cri de désespoir, d'une jeunesse qui n'y croit plus, préférant des mots qui passent à l'action, fatiguée d'alerter toutes ces consciences bien trop endormies, des dangers qui menacent notre planète, une urgence face à des politiques et grandes firmes qui détruisent, qui polluent.

C'est maintenant le combat d'une menace, par une autre menace extrême, un projet plutôt funeste qu'élabore ce groupe de jeunes activistes, dans cette maison abandonnée, une zone désertique de l'Etat du Texas.

Ainsi au fur et à mesure que l'intrigue progresse, le film nous révèle ces secrets, l'histoire si différente de chacun des personnages, bien joués dans l'ensemble, mais qui au fond ne semblent pas vraiment s'apprécier, juste liés par cette même opération très risquée, le sabotage de cet oléoduc, avec des motivations allant de la pure vengeance, à de la colère pour punir, où bien simplement par acte d'amour.

Cette petite réunion, montre un plan très bien élaboré, dans les moindres détails, un mécanisme de la désobéissance extrême, pour de jeunes gens qui ne reculent devant rien, pas même la peur du danger, un peu naïfs, ressentant le besoin d'agir, au prix de leur propre vie. Notamment Michael, interprété brillamment par Forrest Goodluck, qui symbolise parfaitement cette bascule, lorsque l'espoir ne suffit plus, un regard qui brule d'une détermination sans égale, une lutte pour un avenir éclairé, qui se transforme en une image brisée, celle de jeunes activistes que l'on appelle à présent des terroristes.

Ce n'était pourtant que des âmes sincères, qui ne voulaient que préserver notre monde, ce cri de la terre, qu'eux seuls pensaient entendre, cette douleur qui corrompt le cœur, et qui les pousse à partir en mission, pour tout faire péter.

Des révoltés aux méthodes radicales, qui ne font que détourner le regard vers d'autres catastrophes. Un film qui fait réfléchir selon moi, sur le passage à l'acte de ces activistes, et la violence comme seule voie vers une certaine justice environnementale, des idéaux qui se perdent et s'évanouissent vers d'autres injustices, divisent les êtres, et ne créant que de nouvelles cicatrices.

Même si dans l'histoire, selon les circonstances, la violence a parfois marqué les esprits, et crée une prise de conscience, elle n'a pas toujours été la réponse à notre planète, mais ce courage lucide malgré tout, vers un cycle sans fin, d'une spirale répétitive, que personne ne veut entendre.

Un cinéma, et son point de vue, qui tente de comprendre la peur d'un futur fait d'actions spectaculaires et sans concession, qui deviendrait la règle, lorsque les frustrations et les inquiétudes se perdent au milieu d'autres douleurs, d'autres conflits, tous ces silences passées.

Rolex53
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le 28 juil. 2023

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John Rolex

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