Nope
6.8
Nope

Film de Jordan Peele (2022)

Nope une apparition prometteuse, et puis plus rien dans le ciel

Get out, oui, us, pas mal, Nope, non. Cette tentative de déconstruction du concept d'Ovni, renforcée par une symbolique liée à la nature, ainsi qu'une certaine critique touchant à l'humanité, et à son triste spectacle proposé parfois, ne fonctionne pas. Malgré un réel talent du réalisateur. Nope n'évite pas les faux pas, et les incohérences.

C'est alors dans un désert inhospitalier, que Jordan Peele décide d'installer son décor, à travers O.J ( Daniel Kaluuya ) un homme qui sait lire le soleil et le vent, qui ressent mieux que personne un ciel bleu qui cesse de rêver, figé par l'étrange. Tous ses sens mis en alerte, ces chevaux qui perçoivent le danger. Une vie proche de la nature, du vivant, les difficultés d'un ranch, qu'il s'efforce pourtant de sauver, loin de ces lumières vides, qui tentent de l'attirer et qui le rende si nerveux. Ainsi qu'une sœur, Em ( Keke Palmer ) si différente, qui aime faire le show, dans un corps qui ne cherche qu'à danser, s'amuser, là où il n'est plus nécessaire de penser. Oublié son enfance, ses rancunes, pour un nouveau départ. Son espoir d'Hollywood, et ses dérives qui donne l'illusion d'exister. C'est pour toutes ces raisons qu'elle décide de rester au côté de son frère, OJ, le temps d'imaginer encore un instant devenir célèbre, avec toutes ces histoires plutôt surnaturelles.

Malgré cette atmosphère oppressante, assez bien maitrisée. Cette présence à la fois intime et intense d'une menace cachée, filmée toujours de façon très personnelle, sans vouloir à tout prix dépeindre les choses de manière très spectaculaire, demeurent au final très décevant, selon moi.
Cette expression visuelle qui se voulait original et réaliste, n'offre au fond que ce mystère, autour d'un mythe qui entoure cette caverne volante, au son et au regard noirs, qu'il ne faut jamais affronter dans les yeux, sous peine d'être aspiré, puni. Un parallèle audacieux, primaire, avec ce monde du spectacle qui finit très vite par devenir irritant. Mais aussi cette envie de distraire, avec des personnages loin d'être parfaits, ce qui les rend plus humain. Dans une succession d'idées, d'histoires, qu'on lance en rafale, puis s'arrête, tout ralentit, puis redémarre. Un poil déroutant. Reste la photographie et des images obsédantes, comme celle du personnage de Ricky ( Steven Yeun ) la plus intéressante de mon point de vue. Cet enfant acteur et son traumatisme du passé, dans ce pathétique et tragique spectacle, qui en demande toujours plus. Une bête sauvage qui vous avale et vous recrache à en devenir accro, une nature incontrôlable, pour une notion que l'on perçoit bien trop tard, comme souvent.

Nope semble avoir été pour moi une succession de scènes et d'images, toujours reçues de manière confuse. Ce qui réduit l'impact et le potentiel du film. Il est difficile alors de détourner l'attention sur toutes ces faiblesses, notamment après avoir réalisé des films comme Get out, où us. Pour finir vers un final qui se voulait magistral, avec des références de grands réalisateurs, de grands films, mais qui malheureusement, encore une fois, se termine avec la touche de trop. Non, Nope n'aura vraisemblablement pas été pour moi cette expérience cinématographique qui impressionne. Ce grand spectacle, et ce début par un écrit biblique, pour une pensée philosophique qui fait référence à la transformation de nous-mêmes en un spectacle qui mène à notre propre destruction. Mais aussi de politique, lorsque Jordan Peele est de toute évidence un réalisateur engagé pour la cause noire et ces injustices raciales, qui poussent à des positions précaires.
Tant d'élément dans sa création, qui deviennent difficiles pour ce film de trouver son chemin. Nope est un petit film, d'un bon réalisateur, qui a voulu faire sortir du ciel un ovni, pas très clair, pour un voyage et son approche complètement différente du cinéma de science fiction, aux références gratuite de Sergio Léone, qui n'ont aucun sens.

C'était Nope, et c'est toujours Non.

Rolex53
4
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le 6 sept. 2022

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John Rolex

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