Après avoir traversé les jungles étouffantes de l'Amazonie et fait un léger crochet par l'espace, voilà qu'enfin le réalisateur James Gray revient sur Terre, au plus près de son lieu de prédilection : le cadre urbain de New York. Son nouveau métrage, Armageddon Time, expose son titre dans le coin supérieur gauche de l'écran, avec une police rappelant les graffs de rue.
Ouverture singulière, sur un sujet qui restera pourtant en grande partie confiné dans le cadre familial urbain. Celui d'un jeune garçon, issu d'une famille de la classe moyenne blanche, et dont l'esprit rêveur semble inquiéter ses parents.
Pas trop de surprises à voir un tel sujet abordé par le cinéaste : après tout, les liens d'une famille sont l'un des grands segments du cinéma du monsieur et ce, qu'importe le lieu.
Mais ici, pas de famille séparée par l'infinité de l'espace : ici elle est entière, avec un noyau solide, conservant auprès d'elle ses membres autour de repas souvent chaotiques et animés.
Mais les actes de notre jeune garçon semble mener vers une pente glissante : l'incompréhension du monde qui l'entoure, le choc inattendu du deuil... Un ensemble de raisons qui je font que le pousser vers la porte de sortie.
Le problème avec cette pente, c'est que le garçon l'emprunte sans trop se retourner : il accumule les erreurs au côté de son ami issu d'un milieu défavorisé, ne voyant en tout cela que des actes sans grande importance.
Alors qu'il finit dans un lycée privé (aux côtés des Trump) il reste apathique face à un système qui l'étouffe de plus en plus. Il est d'ailleurs souvent compliqué de s'attacher à cet enfant qui semble tout avoir, que ce soit des parents aimants comme une condition sociale favorable, mais qui persiste à vouloir s'arracher à ce cadre.
Mais si la chute du gamin semble inexorable, l'injustice d'une société l'est davantage. Même si c'est en filigranes, Gray dénonce l'injustice qui gangrènent les quartiers au détriment d'une classe sociale ciblée. Il dénonce, mais reste en retrait, peut-être un peu trop, puisque l'essentiel du métrage reste dans une ambiance "tranche de vie" qui ne plaira pas firc à tout le monde.
Ainsi, loin des exubérance spatiales de Ad Astra, Gray signe avec Armageddon Time un film confidentiel, inaccessible sur bien des aspects, mais clairement touchant.