Le casting nous faisait tourner la tête comme une étoile filante qui transpercerait le ciel, mais Armageddon Time, s'il ne s'écrase pas complètement, est pour notre part une déception pour un cinéaste qui d'habitude nous plaît bien. On a l'impression que James Gray a perdu de sa finesse narrative, et raconte son histoire (qui fait envie, avec ses messages de tolérance et d'enfant qui grandit) avec une mise en scène qui réfléchit à notre place, ce qui est très désagréable. On s'aperçoit vite qu'on est devant un drame gorgé d'assistance mentale : vous n'êtes pas capable de comprendre que la scène est triste ? Pas de problème : voici un gros plan totalement gratuit sur la mère qui pleure à outrance (avec notamment cette scène dans le parc où elle hoquète en gros plan - Anne Hathaway en surchauffe - pour souligner que ce qu'il se passe sur le banc est tragique, ce qu'on avait compris, mais on se questionne plutôt sur la justification de sa présence). Vous n'arrivez pas à savoir s'il faut être ouvert d'esprit ? No problem again : on vous propose le discours bienpensant et niais du papy qui explique au gamin quoi penser de la question du racisme. On aurait tellement préféré que le petit le comprenne tout seul. Autrement, l'ambiance rétro est bien rendue, Jeremy Strong est à l'aise dans son rôle de papa trop stricte, Anthony Hopkins semble fatigué (en-dehors de ce que lui demande son rôle, on s'entend), Anne Hathaway pleure à grandes eaux en plans serrés (et c'est tout), et Banks Repeta a tout de même une bonne tête (il passe bien à l'écran, il faudra juste passer la seconde sur son jeu d'acteur). Le fonds de l'intrigue est louable, avec ses messages anti-haine et anti-violence, en suivant un jeune garçon qui tente de grandir dans une famille au papa violent et au papy au seuil de la mort, et plongé dans un contexte sociétal raciste qui n'est pas facile. On était prêt à l'adorer, ce film, mais on a vite compris que Armageddon Time n'arrêterait pas de penser à notre place. Deux heures de drame pompeux et d'assistanat intellectuel.

Aude_L
5
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Festival de Cannes 2022 et Festival de Cannes 2022

Créée

le 5 nov. 2022

Critique lue 2.4K fois

27 j'aime

Aude_L

Écrit par

Critique lue 2.4K fois

27

D'autres avis sur Armageddon Time

Armageddon Time
Plume231
5

Les Quatre Cents Coups !

Cela fait deux films que j’ai lâché le cinéma de James Gray (donc je n’ai pas encore regardé The Lost City of Z et Ad Astra ; je compte me rattraper un jour, bien sûr !). Ce qui fait que je n’ai vu...

le 9 nov. 2022

75 j'aime

17

Armageddon Time
Procol-Harum
7

La face cachée de la lune

La forme mise au service du fond, d’un tréfonds caché : le générique d’Armageddon Time nous renvoie vers la surface lisse d’une image idyllique, celle de l’Amérique d’hier que sacralise la mélodie...

le 11 nov. 2022

61 j'aime

7

Armageddon Time
Aude_L
5

Surtout, ne réfléchissez pas.

Le casting nous faisait tourner la tête comme une étoile filante qui transpercerait le ciel, mais Armageddon Time, s'il ne s'écrase pas complètement, est pour notre part une déception pour un...

le 5 nov. 2022

27 j'aime

Du même critique

The French Dispatch
Aude_L
7

Un tapis rouge démentiel

Un Wes Anderson qui reste égal à l'inventivité folle, au casting hallucinatoire et à l'esthétique (comme toujours) brillante de son auteur, mais qui, on l'avoue, restera certainement mineur dans sa...

le 29 juil. 2021

48 j'aime

Bob Marley: One Love
Aude_L
5

Pétard...mouillé.

Kingsley Ben-Adir est flamboyant dans le rôle du jeune lion Bob Marley, âme vivante (et tournoyante) de ce biopic à l'inverse ultra-sage, policé, et qui ne parle pas beaucoup de la vie du Monsieur...

le 14 févr. 2024

37 j'aime

Mad God
Aude_L
5

Doing doing doing doing...

Mad God est une expérience, et ce n'est pas parce qu'on ne l'a subjectivement pas appréciée, qu'on ne vous recommande pas de la vivre. Au mieux, vous serez subjugué par ce mélange de sadisme assumé,...

le 8 avr. 2023

35 j'aime