A Most Violent Year est un film lent. C'est un fait. Mais le début l'est particulièrement.

Et le début de ce film est d'autant plus lent qu'il constitue plus de 2/3 du film ! J'ai mis un temps fou à m'attacher aux personnages, à me sentir concerné par leurs problèmes, et leurs vies. Je dis "leurs vies", mais je devrais dire "sa vie", puisqu'en fait le seul personnage qui est vraiment développé est le héros Abel. Et encore, il ne l'est qu'à partir du moment où le film commence à devenir intéressant, c'est-à-dire approximativement dans sa dernière demi-heure, qui concentre tous les rebondissements et dénouements de l'histoire, on rit même à certains moments qui sont pourtant tragiques. Le plus marquant restant la scène où l'on apprend que la femme a fait une grosse boulette en détournant l'argent de sa société pour rembourser la dette. La salle a ri, oui, mais était-ce vraiment le ton que le réalisateur voulait donner à son film ? J'en doute, étant donné le sérieux du sujet traité, l'ambiance froide de ce New-York hivernal et l'aspect "parrainesque" de l'image, accompagné par le jeu "alpaccinesque" d'Oscar Isaac. Bon, la référence est évidente, mais il est totalement dans la peau du personnage, je ne peux lui reprocher.

Finalement, Abel s'y résigne et on saisit enfin que c'est un type qui souhaite garder son business le plus clean possible, en dehors de la magouille, en suivant "le droit chemin". Bref, enfin à ce moment, au bout d'une heure de film on s'attache enfin à l'un des personnages! Et pour ce qui est de la phase très lente du film, elle s'arrête pour laisser place à l'action lors de la course-poursuite, et c'est énorme de dire ça, vu que c'est probablement la course-poursuite la plus molle que j'aie jamais vu. Bon, j'ai tout de même apprécié la dernière demi-heure du film, et la seule ombre au tableau sur ce segment-là vient selon moi, encore une fois, d'un problème de personnage. Celui de Julian. Ce mec se suicide, mais on comprend à peine ce qui le pousse à l'acte. On ne le connait pas assez, il n'est apparu que dans quelques scènes pour fuir ou se faire tabasser, on n'a pas eu le temps de l'explorer, et par conséquent, on est à des années-lumière de comprendre ce qui a bien pu le pousser à appuyer sur la gâchette. Quel ultimatum ? En fait, j'ai l'impression que cet élément du scénario n'est là que pour apporter une part de tragique dans le dénouement final. Quoi, c'était trop parfait ? Abel ne pouvait pas s'en tirer si facilement, alors il faut qu'il ait la mort de Julian sur la conscience ? A y réfléchir, peut-être que ce suicide n'est là que pour donner lieu à l'une des plus belles images du film, où Abel répare la fuite dans le silo de fioul à l'aide d'une petit mouchoir. Ça résume si parfaitement le caractère de ce personnage, qui cherche à régler ses problèmes "à l'amiable", de manière pragmatique.

Voilà, j'ai failli aimer ce film, qui n'est finalement pas grand chose. Je ne pense pas me lever un matin en pensant : "Tiens, je rematerais bien A Most Violent Year !".
Anthony_Fieve
5
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le 5 janv. 2015

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Paul Raclette

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