Je m'attendais à être déçue par ce film. La bande-annonce me paraissait beaucoup trop classique par rapport à la froideur et la violence que peut avoir McQueen dans ces films. J'avais un peu peur du sujet casse-gueule dur à maitriser et beaucoup trop facile à bâcler.

Au vu de ma note, vous aurez compris que je suis ressortie de la salle carrément enthousiaste.

Alors oui, je sais, en lisant certaines critiques ici, que certains, beaucoup en fait, auront trouvé le film démago, larmoyants, trop long.... Je ne suis évidemment pas d'accord. Hormis la scène finale, à aucun moment, malgré l'horreur de ce qu'il vit, on ne m'a donné l'impression que le protagoniste se voyait comme une victime sans recours, mais plutôt qu'il se battait pour pouvoir s'en sortir. Quant aux cadres rapprochés qui nous emprisonnent avec lui, je ne pense pas qu'ils relèvent non plus du misérabilisme, ils sont un langage cinématographique qui nous permet d'être au plus proche de ce que Solomon sent sans avoir besoin d'une voix off horripilante ou de dialogue pour le coup carrément démago.

Les acteurs, Ejiofor et Fassbender en tête, sont parfaits, Ejiofor n'en fait jamais trop et Fassbender est toujours aussi investi. Chez les femmes, N'yungo et Paulsson se démarquent, s'affrontant l'une l'autre, désespoir et cruauté.

Côté réalisation, McQueen reste fidèle à son amour des jeux d'ombres et de lumière ( superbe lumière, le chef opérateur fait un travail remarquable) et à sa manière d'emprisonner le spectateur au plus près de la violence de ce qui arrive à ses protagonistes. Ses plans, souvent longs, permettent aux acteurs de s'exprimer jusqu'au bout. Le montage, qui alterne les paysages magnifiques du sud et les joyeusetés qui s'y passent met en exergue le contraste de la beauté de la nature et de la laideur humaine.

Si je peux admettre qu'on ne soit pas touché par le film, l'effet tire-larme dénoncé par ci par là à marché sur moi, et si l'on n'est pas obligé d'adhérer, je ne pense pas qu'on puisse reprocher au film un manque de sobriété, ce n'est pas vraiment la faute de McQueen si la réalité fut pour Solomon Northup particulièrement horrible.

Meilleur que ce à quoi je m'attendais, émouvant, esthétiquement très beau, techniquement très maitrisé, avec des acteurs au diapason, je suis conquise.

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le 1 févr. 2014

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EIA

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