L'académisme apparent de ce film est une énigme et une évidence à la fois.
McQueen accouche d'une mise en scène aussi louable que discutable.
Il déploie également un casting palliant le masque de ses personnages agaçants.

Le combat de ces esclaves se gagne par l'immobilisme, je n'ai pas manqué de souffler quelques fois à la vue de leur supplice. Toutefois, ils ne m'ont pas touché. Coeur de pierre ? Certainement pas ; j'avais davantage de compassion pour la représentation faite de la soumission et de ce qui dénote de ce thème délicat.

Captain Obvious repassera un autre jour, je ne vais pas endosser le costume pour énoncer les qualités visuelles et narratives qui sont claires comme de l'eau de roche...

Ce qui me tumulte un peu plus l'esprit se situe ailleurs : la proportion entre ce qui doit nous consterner et ce qui doit nous apaiser me paraît clair comme du jus de boudin...

Plus éprouvant encore, il y a un déséquilibre confus dans le rythme de l'histoire qui s'inscrit dans un processus "oscarisable". Des séquences statiques très honorables, qui ne souffrent d'aucune faille et qui s'apprécient pour ce qu'elles sont.

Puis viennent des scènes lourdes, dont je n'ai pas saisi l'utilité de leur longueur croissante et poussive. Elles sont dans une mécanique similaire à celle du dénouement final que je trouve abrupt et pas très bien amené, particulièrement à cause d'un problème de "temps". Les années qui passent ne se sentent pas, ne se voient pas et ne sont pas communiquées lorsque Solomon va d'une propriété à une autre. On pourrait croire que 12 mois sont passés plutôt que 12 ans.

Plus décevant encore, quitte à traiter de l'esclavagisme et en montrer des facettes extrêmes, pourquoi l'avoir formaté ? Cela aurait pu être plus informatif que démonstratif. Cela aurait dû s'emplir d'une force chirurgicale.

«12 years a slave» est abouti, techniquement et textuellement.
Mais il me fait l'effet d'une montagne de pancakes mal absorbée, trop chargée, et qui manque d'une sommité de synthèse pouvant me donner l'envie d'y revenir un jour.

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le 20 févr. 2014

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Eren

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