"Un disque qui vous fait regretter d'être trop jeune pour avoir assisté à ça... En live aussi, Wyatt est un maître."


Cette unique phrase lapidaire sur cet album, venant d'un de mes illustres éclaireurs, Sergent Pepper, pour ne pas le nommer, m'a intrigué au plus haut point.


Moi qui suis un fan inconditionnel de Robert Wyatt - j'ai écouté tous ses albums studio, ainsi que ses albums avec Soft Machine - et bien, je n'ai jamais écouté ce disque ! Je décidais d'un pas sûr de combler cette lacune ... et par la même occasion d'écrire une critique à chaud, en même temps que la découverte de l'album ... alors, je me lance l'album : 3,2,1, c'est parti :


Les deux premières minutes sont une introduction de John Peel qui fait bien rire le public, mais mon anglais est trop approximatif pour y participer, alors vivement que Robert monte sur scène, c'est chose faite avec le morceau "Dedicated To You But You Weren't Listening", exercice funambulesque, la scansion vocale et musicale est surprenante, en déséquilibre permanent, cela ne dure qu'une minute et 36 secondes avant qu'on ne se laisse séduire par la voix hypnotique de Robert Wyatt, sur une superbe composition de Hugh Hopper, accompagné par les sonorités claires du clavier de Dave Stewart et plus tard dans le morceau le violon magique de Fred Frith.


La magie du morceau suivant "Sea song", morceau emblématique de l'album "Rock Bottom", me plonge dans cet océan musical hors pair, une chanson qui fait que cet album vaut le détour rien que pour écouter cette version électrifiée et jazzifiée de manière progressiste ... un must, je ne dis que ça, pas la version que je mettrais à mon enterrement, mais bon, je l'emporterais bien au paradis, s'il existe ...


On poursuit le voyage "Rock Bottomesque" : un clavier limpide, ses notes cristallines et la voix volontairement chevrotante, subtile de Robert nous entraînant encore un peu plus haut avec le morceau "A last Straw" enchaîné à "Little Red Riding Hood Hit The Road" : la trompette claironnante de Mongezi Feza nous achevant ... je suis au septième ciel, espérant qu'il y en aura un huitième ... la voix forte et rauque de Robert Wyatt me surprend, cela donne une dimension mythique à ce morceau ...


Je me rends compte que tout l'album "Rock Bottom" va y passer, je ne m'y attendais pas et c'est plutôt une bonne surprise, moi qui estime tant cet album, le considérant comme un des plus grands albums de tous les temps ... cette version live m'enchante ... avec les morceaux "Alive" et "Alifib" on atteint ce fameux huitième ciel, tout en douceur, avec l'intervention subtile de Mike Oldfield à la guitare.


Après ces 38 minutes, le concert se poursuit par une composition chantée par Julie Driscoll Tippetts, deux morceaux de Matching Mole, un d'Hatfield of the North, une reprise du morceau "Little Red Riding Hood Hit The Road" avec cette fois l'intervention magique de la guitare de Mike Oldfield finissant de m'achever pour une seconde fois. Tout cela se terminant par le hit de Neil Diamond/The Monkees "I'm a Believer" ... je pensais être au bout de mes surprises et voilà que le morceau s'emballe, tournant en ritournelle ... quel concert mes aïeux !!


Ce concert ayant eu lieu un an après l'accident qui le paralysa à la taille et l'obligea à vivre dans un fauteuil roulant sera le seul témoignage de Robert Wyatt en tant qu'artiste solo. En effet, il jugea la difficulté trop grande et sa tristesse chronique trop intense.
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La messe est dite et je ne peux que prier en remerciant tous ces musiciens de nous avoir gratifié d'un si bel album ...
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Vous pensiez que c'était tout ... et bien non, un morceau caché : une version alternative d'"Alife" jouée à l'envers nous est offerte, histoire de nous donner l'envie de refaire le chemin à l'envers ?

PiotrAakoun
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le 10 déc. 2018

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PiotrAakoun

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