La dialectique peut-elle casser des sticks ?

Quel jeu surprenant et unique que ce sifu.

Nouvelle sensation indie française de ce début d'année, ses différents trailers et screenshots montrant une direction artistique de toute beauté tout en épure, avec sa mise en scène hommage au cinéma d'action d'asie de l'est, ont su me captiver immédiatement, laissant miroiter de prime abord un beath'them'all défouloir. Décidant d'attendre quelque mois après sa sortie sur le psn et l'epic games sodomie pour sa sortie physique, c'est avec une certaine excitation que je commence mon périple dans sifu. Et force est de constater 20 heures de jeu plus tard et le platine en poche que le dernier né de sloclap s'est révelé être un véritable coup de coeur pour moi. Beat'them'all à l'esprit très arcade teinté d'un soupçon de rpg rogue-lite,

Il impose une approche radicale autant qu'innovante du genre sous un écrin graphique très charmeur, restituant à merveille la fougue et l'ardeur du cinéma de castagne teinté d'une pointe de fantastique surprenante mais au rendu qui fait mouche à chaque découverte d'un niveau. Niveaux propices à des variations ésthétiques qui m'ont laissé bouche-bée à bien des égards. Enchainant les moments de bravoure entre un night-club bourrés de néons où fusent les bouteilles à la john wick, suivi d'une salle de sport qui finit par un dojo en flamme ou bien encore ce musée d'art contemporain où se mèle castagnes endiablés et poésie sous fond d'une explosion de couleurs.

Cela dit je pense que décrire le jeu de cette manière (à savoir un beau beath'them'all) serait très réducteur tant l'expérience qu'il propose est singulière.

Car qu'on ne s'y meprenne pas : Malgré ce qu'on pourra vous dire, Sifu n'est pas un beath'them'all ou un rogue-like à proprement parler, c'est un jeu de SPORT. Mais un vrai hein, pas votre fifa anuelle où même un singe peut finir une partie ou un jeu compétitif online se jouant en compétition E-SPORT; non non un VRAI sport individuelle qui demande une participation ACTIVE du pratiquant (l'effort physique en moins forcément).

En effet, je suis admiratif de la manière dont sloclap ont réussi à faire ressentir au joueur la rigueur et l'intransigeance demandé par l'apprentissage d'un art martial ou d'un sport de combat.

Quand je joue à sifu je dois faire un effort considérable de patience et d'observation pour recommencer encore et encore le même niveau jusqu'a le connaitre comme ma poche et m'autoriser le moins de game over possible. Car le gameplay de sifu se révèle assez technique et va demander d'accquérir des reflexes naturelles pour comprendre les patterns d'ennemies lors de combats qui peuvent vous mettre ko en deux temps trois mouvements. Dans sifu, l'échec est sanctionné, et ce de plus en plus dûrement au fil des trépas qui s'accumulent, votre avatar renaissant avec plusieurs années dans les pattes à chaque game over.Ainsi chaque respawn fait augmenter un multiplicateur d'âge jusqu'a attendre l'age limite de 75 ans synonyme de game over. Et là où les choses se compliquent, c'est que ce vieillisement se poursuit d'un niveau à l'autre sans moyen de le faire reculer à part en recommençant le niveau précédent, histoire de limiter la casse pour arriver le plus jeune possible sur les suivants. (et donc en perdant vos avantages accquérient dans le niveau en cours etc...). Et vous vous en doutez, cela va passer par une répétition stakhanoviste des niveaux pour optimiser au maximum l'âge de son perso et c'est clairement ce parti-pris qui peut constituer soit un frein, soit une source de motivation selon votre profil de joueur.

Vous l'aurez compris, le niveau d'exigeance et d'assiduité demandé par sifu risque de laisser bien des joueurs sur le carreau. Il est destiné à un public mordu de challenge qui n'a pas peur de subir une longue phase d'apprentissage et de tatônement pour réussir.

Mais ceux qui accepteront de s'investir y trouveront sans nul doute leur nouvelle drogue tant le sentiment de jouissance est bien présent sitôt que le gameplay finit par être maitrisé et les niveaux apprivoisés, et on finit par se surprendre à réussir finger in the nose des séquences qui nous paraisaient presque insurmontables au début de notre run.

Et c'est bien cette alchimie presque miraculeuse entre émerveillement visuelle et maitrise ludique, entre poésie et violence qui fait de sifu un incontournable pour les amateurs de challenge et de tatanes.

Ma note est de 8.5/10