Winter Break
7.3
Winter Break

Film de Alexander Payne (2023)

Noël est sa mélancolie parfois maussade, où chagrin et bonheur se côtoient avec pudeur. Dans cet institut pour étudiants fortunés, quand arrive l'excitation tant attendue de retrouver sa famille, la chaleur d'un foyer, c'est alors le sapin pour certains et les boules pour d'autres.

Cette absence si difficile à décrire, et ce doux flocon qui annonce l'arrivée d'un hiver, tels un message de fête et de cadeau, qui rappellent à certains ce vide précieux qu'ils n'attendent déjà plus.

Instantanément absorbé par ce décor des années 70, et cette triste et belle histoire réalisée par Alexander Payne, mêlant Paul ( Paul Giamatti ), un professeur détesté de tous, qui prend un malin plaisir à humilier ses élèves, à Angus ( Dominic Sessa ), cet étudiant à l'attitude belliqueuse, qui deviendra leur duel acharné, et qui ne cessera de vouloir écraser l'autre par des mots drôles et grossiers. Jusqu'à l'arrivée de Mary ( Da'Vine Joy Randolph ), une mère en deuil de son fils mort au Vietnam. Un enfant qui n'aura pas connu la chance d'être riche, mais qui malgré sa peine, essaiera de leur apprendre à ouvrir les portes des rencontres éphémères où les rires se fondent aux émotions discrètes.

Bloqués pour Noël dans ce campus, et même si tout les fait chier, c'est peut-être le moment de ne plus être seul, faire ce voyage insolite, apprendre une histoire, échanger leurs douleurs, s'amuser aux côtés de cet adolescent négligé, qu'on abandonne, perdu quelque part entre l'amour d'un père et la peur de lui ressembler un jour. Ou bien de cette mère qui masque sa tristesse derrière ce visage courageux, ou auprès de cet intellectuel solitaire, qui n'en veut à personne et qui sent le poisson. Un monde imparfait où chacun d'entre eux souffre, avec une musique ciblée qui donne le ton, pour des regards à présent différents sans jugement ni critique, juste un respect mutuel.

Alexander Payne dirige le scénario de ce film avec une tendresse consciente, qui émane d'une profonde compréhension envers chacun de ces trois personnages.

Alors peu importe si leur Noël fut amer, à trois le chemin fut beaucoup plus amusant, moins lourd à porter. Une aventure qui parle aussi de ces récits inventés, afin d'échapper à ces vérités pour survivre. Apprendre à grandir tout en continuant de s'émerveiller pour soigner les blessures, lorsque la peine les attend patiemment.

C'est en somme un film qui explore assez bien la complexité des relations humaines, et comment la compassion peut parfois tout changer, essentiellement grâce au talent d'interprétation de Paul Giamatti, Da'Vine Joy Randolph et Dominic Sessa.

Rolex53
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le 1 janv. 2024

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John Rolex

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