Des films comme ça on n’en fait plus. Créatifs, ingénieux, poétiques, rêveurs, remplis d’imagination. De l’art à l’état brut. Le nouveau film de George Miller est un joyau qui nous laisse rêveur et sans voix à la sortie de la salle. C’est un film qui surprend, qui questionne, qui intrigue et qui émeut. 


Le personnage principal, Alithea, est une scientifique qui donne des conférences dans le but de démystifier les mythes et les contes. Elle explique qu’à l’époque, les mythes permettaient aux gens de chercher un sens à leur existence et aux phénomènes qui les entourent mais qu’aujourd’hui, nous pouvons expliquer ces phénomènes par des faits scientifiques.Après avoir acheté une fiole dans une boutique d’Istanbul, elle se trouva nez à nez avec un djinn (interprété par Idris Elba) lorsqu’elle ouvre accidentellement cette fiole.Ce génie va lui conter sa vie et comment il s’est retrouvé enfermé.  


La mise en scène de Miller est une nouvelle fois magistrale. Comme à son habitude, il utilise des plans des plus ingénieux qu’on ne connait qu’à lui. La musique composée par Junkie XL est absolument époustouflante et insuffle une telle émotion qu’il est parfois difficile de se contenir. Il est inutile de parler de la technicité dont fait preuve le film puisqu’il n’y a absolument rien à y redire. Les couleurs, les décors, la photo, tout est beau. Parlons plutôt du sens.  


Je pense que ce film laissera énormément de gens sur le carreau, notamment ceux qui iront le voir en pensant voir un film comme Fury Road. Si dans ce dernier le rythme est extrêmement rapide, dans celui-ci au contraire, on prend son temps. Le film dure 1H48 mais certaines personnes pourraient trouver le temps long car le film s’installe doucement, nous narre différentes histoires comme si nous écoutions les récits de notre grand père au coin du feu. Et ça, plus personne n’est habitué à le voir au cinéma et c’est bien tout le constat que fait Miller avec ce film.  Il s’agit d’un film qui critique le monde du cinéma actuel, qui critique notre société de consommation, le fait qu’on ne se pose plus pour apprécier les choses, que l’on ne prend plus le temps de regarder, d’écouter, de réfléchir, de rêver. Nous sommes en permanence dans un besoin qui nous est immédiatement comblé. Nous voulons être satisfait le plus rapidement possible. Tout cela est représenté dans le film par les vœux. Alithea pense tout avoir, elle est comblée et ne veux faire aucun vœu puisqu’elle sait, du fait de son métier, que les vœux finissent par nous mener à notre perte et sont de mauvais choix. Le seul élément dont nous ne pouvons être pleinement comblé est l’amour. Lorsque Alithea demande au génie de l’aimer et qu’il l’aime en retour, elle se rends rapidement compte qu’il est impossible d’accéder réellement à ce souhait par une simple volonté, privant le djinn de tout libre arbitre. 


De plus, Miller fait le constat amer que les mythes, les contes et les histoires sont en train de disparaitre de notre société (comme le représente le personnage du djinn qui a la fin, dans le monde réel, emplis d’ondes électromagnétiques, fini par se désagréger petit à petit). En effet, ce qu’on nous propose à l’affiche de nos jours n’est que Marvel, action, comédie, tous ce qui entre dans un schéma bien précis de telle sorte à ce qu’on a l’impression que tout se ressemble et que tout cela n’apporte rien de vraiment concret au cinéma finalement. Attention, il y a bien sûr des exceptions, notamment quand de grands auteurs-réalisateurs sortent leurs films. Le souci c’est qu’ils sont étouffés par les blockbusters qui eux seront beaucoup plus rentables pour les studios. Résultat : peu de rentabilité pour les films qui osent et donc plus de prudence à l’idée d’en produire, puis ils finissent par disparaitre petit à petit de nos écrans ou se retrouve sur Netflix parce que le géant du streaming accepte de produire de grands noms (bien que ça risque de changer cela dit). 

Nous pourrions comparer ce film a Nope de Jordan Peele qui fait le même constat sur notre société. Peele qui dit « Nope » au cinéma moderne, qui veut faire son propre cinéma, qui veut parler de sa vision des choses par son art et qui refuse le carcan imposé par Hollywood. Peele qui regrette l’ancien cinéma. Miller qui regrette que l’on ne raconte plus d’histoires. 


En résumé, je conseille ce film à tous ceux qui aiment rêver, imaginer, qui aiment retrouver de la poésie au cinéma, à tous ceux qui aiment les mythes et les contes et qui s’émerveillent devant la beauté d’un plan, d’une musique ou d’une histoire. 

Paupau_crts
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le 26 août 2022

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