On ne va pas relever ici les incohérences du nouveau long-métrage des frères Russo - ici libérés du carcan Disney pour se diriger vers Netflix - tant ils sont l'apanage des gros blockbuster d'action décérébrés de ce calibre (à la louche John Wick, Equalizer, Atomic Blonde, etc etc).
Ce n'est d'ailleurs pas pour le scénario que l'on attendait The Gray Man, mais bien pour un dégueulis d'action et une trifouillée de trouvailles visuelles. Malheureusement, on a plus l'impression d'être en face de The Grey Man : tout est foutrement gris. Couleurs fades, noirs jamais profonds, pas de doute, on est bien chez Netflix. Même les scènes qui devraient être une explosion de couleurs (typiquement celle des feux d'artifice) restent d'une insipidité étonnante.
Le plus frustrant subsiste au niveau de la mise en scène. Les frères Russo laissent en effet entrevoir de superbes idées de plans (les drones en intérieur à la Ambulance, les feux d'artifice, certaines poursuites...), pas une seule de ces scènes qui surnagent durent plus de cinq secondes. Tout est surdécoupé, entrainant par conséquent des scènes d'action illisibles et une destruction quasi-systématique de ce que le film pouvait nous proposer de plastiquement beau. Double balle dans le pied.
De plus, probablement contaminé par leur passage au sein du MCU, les Russo insèrent des effets spéciaux un peu cradingues pour absolument chaque plan. Fonds verts systématiques: tout sonne faux, tout est toc. Bref, on est bien loin du grand spectacle à la Mission impossible ou au dernier Top Gun. Même le final dans le labyrinthe (wink wink Shining) ne réussira à délivrer la moindre dose d'émotion ou un quelconque vertige esthétique.
Bref, la moyenne pour The Gray Man pour son divertissement décérébré duquel on ne doit pas espérer grand chose qu'un brin de charme (Ana de Armas oblige) et des scènes d'action qui envoient du pâté et laissent entrapercevoir une mise en scène folle, malheureusement jamais exploitée. Un grand dommage.