
Ouverture du NIFFF (Neuchâtel International Fantastic Film Festival) version 2022, Les Cinq Diables de Léa Mysius devient le second long-métrage de sa jeune réalisatrice, après un Ava qui avait déjà fait date en 2017.
Et dès l'ouverture, le film citera sa référence dont les clins d’œil reviendront comme des gimmicks tout au long de l'heure et demi du métrage: Twin Peaks et son créateur, David Lynch. Le motif de la Dream Room qui se matérialisera dans diverses scènes du film, la fille échouée au bord du lac enveloppée dans un linceul, les photos encadrées qui rappellent évidemment Laura Palmer, le pendant féminin de L'Homme d'un autre endroit ou encore le Dinner qui lorgnera du côté du Double R.
Pourtant, si l'on en croit le pitch et le scénario (une jeune fille aux pouvoirs extraordinaires dont l'odorat permet de voyager dans les souvenirs), c'est du côté d'un autre grand américain contemporain que le film va chercher. Stephen King, évidemment.
Transposée du Maine à la France, le fantastique qui surgit dans le rural, au coeur d'une famille, par l'intermédiaire d'une petite fille, tout ça pour invoquer des démons plus terrifiants encore: racisme, harcèlement scolaire, drame familial...
Carrie, Charlie et Sac d'Os sont forcément cités, tour à tour, mêlés. Mais malgré toutes ses références, Léa Mysius arrive à s'en extirper pour se donner son identité propre, sa touche francophone, grâce notamment au grand point fort du film : son casting.
Ce dernier est porté par un duo d'actrices mère et fille dans le film : Adèle Exarchopoulos et la petite Sally Dramé. D'une justesse folle elles insufflent leur énergie dans le film pour rendre leur relation parfaitement crédible et créent un ancrage émotionnel fort. Et même si les seconds rôles masculins sont plus anecdotiques, ils nous laissent un Patrick Bouchitey en grand-père haut en couleurs forcément sympathique.
Notons encore la musique, orchestrée par Florencia Di Concilio, qui baigne le long-métrage de ses sons électro/pop lancinant donnant corps aux décors naturels et à la splendide photographie de la réalisatrice.
Bref, Les Cinq Diables est un film français, terriblement lynchien mais suffisamment distancé de ses citations pour ne pas en faire un pastiche, offrant avec son scénario original une escapade vertigineuse qui n'aura de cesse de prendre de l'ampleur. Gageons qu'il puisse avoir le succès qu'il mérite et qu'il offre du fil à retordre aux pourfendeurs de l'idée selon laquelle le cinéma français ce n'est que des comédies potaches avec Christian Clavier dedans.
Bonne projection !