A son tour, Steven Spielberg cède à une certaine mode autobiographique, pour les plus grands cinéastes, qui pourrait s'apparenter à une forme de narcissisme mais l'argument n'est pas recevable pour ceux qui ont suivi attentivement son parcours, avec plus ou moins d'enthousiasme, selon les œuvres. L'intérêt n'est pas mince, dès lors que The Fabelmans se concentre sur l'enfance et l'adolescence d'un maître, soit à la genèse même de la sacro-sainte vocation. Et pour ce faire, Spielberg fait plutôt dans l'humilité, pour ce qui est de la forme, laissant la mise en scène au second plan derrière une narration impeccable, parfaitement maîtrisée et équilibrée. Un récit d'apprentissage donc, classique par bien des aspects, mais aussi exceptionnel de par ce qu'il montre de l'obsession dans une passion et d'un amour immodéré pour l'art en général et le cinéma en particulier. En même temps, The Fabelmans est une lettre envoyée par le cinéaste à sa propre famille et avant tout à ses parents, un couple mal assorti mais aimant. La première partie du film manque un peu de nerf avant que le récit ne s'ouvre comme une fleur dans la deuxième, traitant avec virtuosité l'ensemble de ses thèmes et y ajoutant l'antisémitisme et l'éducation sentimentale, entre autres. Comme dans presque tous les films de Spielberg, l'interprétation vole très haut, avec notamment une Michelle Williams saisissante, dans un rôle peu aisé. Quant au dernier plaisir offert par le film : il est succulent, avec un très grand cinéaste vivant personnifiant l'un des géants de l'histoire du cinéma. Un clin d’œil ludique qui conclut un récit à la première personne, mais pas n'importe laquelle, et comme des confidences faites directement à l'oreille et sous les yeux d'un spectateur privilégié.

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le 24 déc. 2022

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