Spielberg avait annoncé vouloir régler ses comptes avec son père au travers du personnage de Sean Connery, père d’Indiana Jones dans La Dernière croisade, il avait également ajouté avoir attendu le décès de ses parents pour raconter une histoire personnelle que l'on imaginait alors douloureuse et intense. C’est en partie vrai, même si ce qui domine The Fablemans est plutôt la retenue et la pudeur, ainsi qu'un certain nombre de non-dits.

Bien que ce soit attendu de la part de Spielberg, le film est d'une grande qualité cinématographique. Les compositions, le rythme, la lumière, le grain de l'image… tout y est. La musique orchestrée par John Williams est brillamment insérée dans l'intrigue, notamment quand la mère joue du piano. Et les acteurs offrent des performances impeccables, toutes en subtilité. Cependant il y a quelque chose d'un peu lisse voire presque d'un peu vain dans ce faux drame familial. Faux drame car un car la tension y est quasiment inexistante, hormis la scène du montage du film de vacances (sans doute ma scène favorite). Le jeune Sam obtient quasiment tout ce qu'il veut d'un père qui ne le comprend pas mais cherche à se rapprocher d'un fils très proche de sa mère par l'achat de matériel toujours plus cher. Les plaintes de la famille pourtant à l'aise matériellement sonnent parfois un peu creux et le passage au lycée californien et décidément trop cliché. Le film comporte également tout un arc narratif sur l'éveil de Sam à la réalisation de film, mais Sam est là aussi en dehors de l'écran, de son entourage, comme à la marge.

Là où the Fablemans sort du lot c'est par la grande mélancolie qui s'en dégage, devant des parents qui s'admirent mais sont incapables de se rendre heureux ou de communiquer, dans une sorte de relation en contre-temps. Bien qu'il soit présent sous les traits de Sam dans le film, Sam-Spielberg ne semble être que le relais ou l'interface entre ses parents. Paradoxalement, j'ai l'impression qu’il s'est davantage découvert à travers les thèmes qu'il a abordés dans le reste de sa filmographie où les liens familiaux et leur dynamique complexe sont des sujets récurrents. Le film pour moi ne sera donc pas finalement dans les chefs d'œuvres du réalisateur. Constat presque difficile car le film est également généreux par de nombreux aspect. C’est assurément un bon film dont on ne sent pas la longueur, et qui comporte de très belles scènes. Mais qui honnêtement n'a pas réussi à me toucher émotionnellement. Je me suis sentie comme en dehors.

AlicePerron1
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le 15 mars 2023

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Alice Perron

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