♫ Ma petite Enterprise, résout toutes les crises…♪♪

…et soudain, au bout de ¾ d’heure, se rendre compte que ce n’est tout compte fait pas si mal que ça.


D’où un questionnement (qui, c’est vrai, dénote une attention relativement flottante en cours de séance, et à lui seul explique que le film est loin d’emporter son spectateur au-delà des limites éponymes) : qu’est-ce qui fait qu’un produit aussi formaté, saturé de CGI et dénué de toute forme de surprise quant à sa trame, puisse échapper à l’ennui et l’irritation ?


Plusieurs éléments l’expliquent, au-dessus desquels trône une raison majeure : l’absence de sérieux de toute cette Entreprise.


Star Trek est un petit objet pop qui prend conscience de son potentiel et sait limiter ses ambitions. L’humour des personnages, la dérision (elle-même modeste, à des lustres de celle prônée à coups de parpaing dans Deadpool ou Suicide Squad), la british touch de Simon Pegg qui colore autant son accent que l’écriture du scénario annoncent la couleur : il ne s’agit de pas grand-chose d’autre que de faire décoller, atterrir des vaisseaux et visiter des planètes exotiques. La morale, plutôt légère elle aussi, nous sert le couplet des soldats de la paix contre l’illusoire affirmation de l’ego par le conflit, et l’on peut y voir une réflexion finalement intéressante sur la limite même du creuset de tout blockbuster, condamné à réactiver à chaque opus une nouvelle fin du monde pour l’annuler à grand renfort de baston et d’explosions.


On peut ainsi trouver légitime le transfert de Justin Lin, expert de la franchise Fast & Furious : Star Trek est un film de grosse mécanique spatiale, où l’on passe son temps à déblatérer dans l’urgence d’un crash des phrases au jargon incompréhensible en rebranchant des câbles, le tout dans un esprit bon enfant.


Car l’atout nouveau pour le réalisateur consiste à pouvoir s’affranchir totalement de la gravité, et ce n’est rien de dire qu’il saisit l’opportunité au vol. Sa caméra passe son temps, à grands renforts de travelling circulaires, à saisir les différents niveaux de l’action, à courber l’espace et jouer sur la multiplication, notamment grâce à l’artefact de l’héroïne permettant un clonage holographique. La planète Yorktown est ainsi joliment exploitée, que ce soit dans son exposition ou le final carambolesque : sur une architecture fantasque avec l’apesanteur et qui rappelle les trouvailles de Tomorrowland, le film prend son temps et permet une véritable lisibilité de l’espace, un luxe devenu bien rares en ces temps de surenchère numérique.


Le final consistant, sans spoiler, à sauver l’univers grâce au Sabotage des Beastie Boys, achève la démonstration : jeu aux proportions cosmiques et assumant son carton-pâte en instance de destruction, Star Trek a le grand mérite de contredire son titre : c’est parce qu’il s’amuse dans les limites qui sont les siennes qu’il parvient à garder encore du charme.


(6.5/10)

Sergent_Pepper
6
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Blockbuster, Les meilleurs blockbusters, J'ai un alibi : j'accompagnais les enfants., Vus en 2016 et vu en salle 2016

Créée

le 23 août 2016

Critique lue 2K fois

78 j'aime

4 commentaires

Sergent_Pepper

Écrit par

Critique lue 2K fois

78
4

D'autres avis sur Star Trek - Sans limites

Star Trek - Sans limites
Behind_the_Mask
8

Enterprise de démolition

Endommagé, lacéré, littéralement démembré, puis finalement détruit, l'un des symboles de Star Trek disparaît sous nos yeux impuissants et incrédules. Prendre le risque de le maltraiter si tôt dans...

le 17 août 2016

51 j'aime

Star Trek - Sans limites
Apostille
3

Une pellicule de clichés...

Espérant profiter d'un bon moment de divertissement par le biais de ce nouveau Star trek, je me préparais à voyager dans les nébuleuses les plus lointaines de la galaxie. Las ! L'ennui n'a pas tardé...

le 26 août 2016

24 j'aime

5

Star Trek - Sans limites
Frédéric_Perrinot
7

Réussi mais embourbé dans ses limites

Ce nouveau Star Trek aura connu beaucoup de bouleversement allant du départ de J.J. Abrams à la réalisation après avoir signé les deux très bon premiers opus jusqu'au décès de Leonard Nimoy durant la...

le 20 août 2016

18 j'aime

2

Du même critique

Lucy
Sergent_Pepper
1

Les arcanes du blockbuster, chapitre 12.

Cantine d’EuropaCorp, dans la file le long du buffet à volonté. Et donc, il prend sa bagnole, se venge et les descend tous. - D’accord, Luc. Je lance la production. On a de toute façon l’accord...

le 6 déc. 2014

765 j'aime

104

Once Upon a Time... in Hollywood
Sergent_Pepper
9

To leave and try in L.A.

Il y a là un savoureux paradoxe : le film le plus attendu de l’année, pierre angulaire de la production 2019 et climax du dernier Festival de Cannes, est un chant nostalgique d’une singulière...

le 14 août 2019

701 j'aime

54

Her
Sergent_Pepper
8

Vestiges de l’amour

La lumière qui baigne la majorité des plans de Her est rassurante. Les intérieurs sont clairs, les dégagements spacieux. Les écrans vastes et discrets, intégrés dans un mobilier pastel. Plus de...

le 30 mars 2014

615 j'aime

53