Ce nouveau Star Trek aura connu beaucoup de bouleversement allant du départ de J.J. Abrams à la réalisation après avoir signé les deux très bon premiers opus jusqu'au décès de Leonard Nimoy durant la pré-production du film et celui de Anton Yelchin peu de temps avant la sortie en salles de ce dernier opus. C'est donc dans le deuil que sort ce Star Trek Beyond, et il est clair qu'après ça la saga connaîtra beaucoup de changements. Ce qui ne fera probablement pas de mal à la saga, car ce nouvel épisode apparaît très vite comme celui de la redite. Malgré de nouveaux scénaristes en la personne de Simon Pegg et Doug Jung ainsi qu'un nouveau metteur en scène avec Justin Lin qui trouve enfin le moyen de faire autre chose que du Fast & Furious au cinéma, on se retrouve face à un opus old school, étant bien plus proche de la série d'origine, qui ne parvient pas à apporter de la nouveauté et s'embourbe dans une formule trop mécanique.


On sent dans leur écriture que Simon Pegg et Doug Jung aime l'univers Star Trek et que ce sont des fins connaisseurs dans le domaine. La pop culture n'a plus de secrets pour eux et ils s'évertuent à offrir un spectacle généreux qui parlera aux fans comme aux néophytes de la saga culte. Il y a même quelques bonnes idées comme le fait de pousser l'équipe à être séparer pour former des duos qui n'avaient pas forcément l'habitude d'évoluer ensemble par avant, qui se révèle être une astuce assez intéressante pour donner de l'épaisseur à tout les personnages. Même si ils sont beaucoup et que le film ne s'arrête jamais vraiment, empêchant que tous gagnent vraiment en profondeur, le tout se recentre habilement sur eux et devient un character piece assez plaisant. Notamment dans le portrait tout en finesse qui est fait du capitaine Kirk, le personnage gagne vraiment en puissance et est interprété par un Chris Pine en très grande forme. Spock reste légèrement en retrait au sein de ce film, même si Zachary Quinto est encore une fois impeccable, mais son personnage amène un bel hommage à Leonard Nimoy tandis que le duo comique qu'il forme avec McCoy fonctionne à merveille surtout que Karl Urban démontre un talent comique assez rafraîchissant.


Après les autres personnages sont utilisés de manière un peu trop classique, la relation entre Montgomery et Jaylah est sympathique mais très cliché. Pourtant Jaylah devient assez vite un personnage très attachant malgré un background peu recherché mais qu'on aimerait revoir par la suite. C'est ce qui entoure tous ce qui touche aux antagonistes qui devient plus gênant. Non seulement les méchants sont ridicules, mais utiliser Uhura pour nous introduire à leur univers est assez maladroitement fait et peu crédible. Comme la manière d'amener les enjeux qui n'est pas des plus exaltante surtout que les motivations du méchant sont dérisoires et font clairement redite par rapport à ceux des deux précédents films. Idris Elba offre une partition caricaturale et se révèle encore moins réussi que Nero du premier film, ce qui était jusque là inimaginable. Mais c'est finalement dans cette répétition que le film tient sa plus grosse faiblesse, le déroulé de l'intrigue est quasi-identique par rapport aux deux précédents volets. Les rebondissements sont sans surprises et presque trop évidents et on se retrouve plonger dans une formule mécanique et sans génie qui déroule son récit sans trop de faux pas mais sans non plus exalter le spectateur. Le travail des personnages est donc plus intéressant que l'histoire en elle-même, qui tient au final sur un timbre poste et qui fait beaucoup de surplace. On est loin de la dimension politique et actuelle des deux précédents opus, on a perdu en profondeur au profit d'un divertissement estival tout ce qu'il y a de plus classique. C'est réussi mais c'est formaté et on est déçu car on n'attendait mieux d'un Star Trek. Même la romance homosexuelle, chose rare dans un blockbuster, et finalement survolé de manière trop succincte même si cela apporte une belle pudeur. Mais ça accentue bien le sentiment d'avoir fait tout un foin pour pas grand chose, ce qu'est un peu le film au final.


Ce minimum syndical apparaît aussi dans la mise en scène en pilotage automatique de Justin Lin. Elle se montre quand même maîtrisé et assez abouti mais elle manque de génie. La scène de destruction de l'Enterprise est plutôt inventive dans sa manière de s'affranchir de tout gravité et de dépasser les barrières physiques, la caméra étant toujours en train de survoler le vaisseau passant d'une pièce à l'autre de manière très aériennes et fantomatiques. Cela permet d'avoir une séquence assez explosive, constamment en mouvement et vraiment efficace mais ce sera la seule scène mémorable du film. Après ça, les situations seront plus classiques et le film devient assez cheap dans ses décors, certains éléments faisant très carton-pâte. Même les scènes d'actions perdent en envergure, surtout à cause d'une gestion de la luminosité assez étrange qui rendent beaucoup de passages confus et illisibles durant les combats dans la nuit ou dans l'espace. Le climax est relativement mou et manque de mise en danger, la situation étant réglée avec bien trop de facilités et le film plonge un peu dans une recherche du cool qui le "marvelise" et qui ne colle pas vraiment avec la gravité des anciens opus. Le montage est moins incisif, la photographie plus laxiste dans sa gestion de la lumière et même le score de Michael Giacchino est moins mémorable que par le passé malgré qu'il reste de très bonne tenue. On sent que J.J. Abrams manque un peu sur le visuel, même si Justin Lin à le mérite de faire quelque chose qui lui est propre et évite de singer Abrams, et qu'il offre aussi un travail vraiment correct, il n'a quand même pas le talent de son prédécesseur.


Star Trek Beyond est donc un bon film, il s'impose même parmi les rares blockbusters estivaux solides de cette année. Mais malgré le fait qu'il soit un divertissement réussi, il est aussi un Star Trek quelque peu décevant. Il n'a ni la dimension de ses aînés, ni leur sens du spectacle, ce qui fait que l'on a le sentiment d'être devant un film assez inconséquent. Il n'apporte rien à la franchise et apparaît comme une redite par rapport aux deux opus d'Abrams. On est dans quelque chose de plus formaté, de moins ambitieux mais qui trouve son efficacité dans ses personnages et grâce à une aventure rythmé qui apporte son lot d'humour et d'action. L'écriture à ses limites mais est convenable, la mise en scène malgré quelques maladresses est plus que correct tandis que le casting est toujours aussi bon. On passe un bon moment mais c'est un épisode que l'on retiendra clairement moins que les précédents.

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le 20 août 2016

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