Gardé entre parenthèses sous sa version française, le titre original est bien là pour spécifier qu'un monde "sans filtre" n'est pas un monde naturel et authentique enfin sincère et salvateur pour ceux qui ne supporteraient plus la vanité.

Bien au contraire, ce "triangle of sadness", terme de chirurgie esthétique, est l'image pyramidale d'un microcosme désolant que le botox ne pourrait suffire à lisser : supériorité matérielle, caprices, immoralité des uns; servitude résignée et envie ravalée des autres. Dans une scène scatologique d'anthologie, satirique à l'extrême (insoutenable selon les sensibilités gastriques), toute cette mascarade humaine finit par faire naufrage au sens propre comme au sens figuré. Au triste triangle semble succéder le cercle vicieux, celui d'une nature humaine depuis longtemps corrompue par le désir de domination du plus fort, bien décidé à camper sa position coûte que coûte. Egalité, sororité, liberté, une utopie.

Le film est bien trop long pour ne rien apporter de nouveau à la critique des inégalités sociales mais l'exercice de style a le mérite d'exister, comme un devoir de rappel.

Jeannne
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le 3 juil. 2023

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Jeannne

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