Quand l'élève ne peut dépasser le maître

Désarmorçons cela dès le départ : je ne suis ni un spécialiste de l'oeuvre de Fassbinder ni un connaisseur de son "Pietra Von Kant" (pièce et film).Même s'il est manifeste que je ne peux apprécier le film d'Ozon en sa pleine mesure,je me contenterai,dans cet écrit-là,à une critique du film dans sa plus simple substance.

Il ressort surtout de ce dernier visionnage que l'influence du théâtre allemand est très importante pour Ozon et vient constituer un paradoxe,à la fois force et faiblesse du film.D'une part,ce cadre dramaturgique permet à Ozon de nombreuses constructions osées formant un film-pièce,jouant aussi de l'ironie permise sur scène.D'autre part,le théâtre vient polluer une relative pureté recherchée dans le film.Il en ressort principalement un important problème de rythme.Recherchant à s'attacher aux codes théâtraux,François Ozon ne trouve pas une quelconque harmonie relative.Certains passages se trouvent vides tandis que d'autres se veulent bien trop chargés.Lorsque l'on voit la courte durée du film,on ne peut qu'être frustré par l'inefficacité du propos voulue par Ozon.L'étude faite des rapports d'opposition,de force et de désirs entre individus se trouve vite vidé de sa substance par ce rythme difficilement maitrisé.De ce fait,l'ambition du film se trouve déchargée de toute réussite totale.

Pourtant,la mise en scène d'Ozon n'est en aucun cas ridicule face à l'ambition de ce projet.Les recherches faites sur les différents tons du film se succédant (entre pathétique et romantique),les interprétations du trio d'acteurs mené par Ménochet et la direction artistique plus que soignée aurait pu offrit un grand cru en cette année 2022.