
J'attendais beaucoup de cette relecture de Petra Von Kant par un cinéaste lui-même fan de Fassbinder, et dire que ce fut une douche froide est un faible mot... Le principe du film est de reprendre le canevas de Petra von Kant et de glisser Fassbinder en tant que personnage dedans. Pourquoi pas ? C'est un postulat, et je ne vais pas m'amuser à juger des différences entre les deux, ça n'aurait aucun sens, et le seul truc qui m'intéresse est de regarder le film que propose Ozon, et éventuellement ce qu'il peut dire d'intéressant sur Fassbinder. Alors Ozon reprend l'idée du lieu clos, l'appartement, mais si Fassbinder brillait d'inventivité pour proposer une mise en scène qui se renouvelait en permanence dans un espace établi, Ozon se contente de faire du théâtre, concentré uniquement sur ses acteurs qui livrent des performances exagérées, parodiques et à la limite du grotesque. La seule idée de mise en scène étant de montrer la vue de l'appartement depuis l'extérieur, sous la neige, pour singer le plan de Douglas Sirk dans Tout ce que le ciel permet et afin de montrer qu'Ozon sait que Fassbinder était fan de Sirk, ça fait plus name-dropping qu'autre chose. Ensuite, qu'est-ce que j'apprends sur Fassbinder dans ce film ? Strictement rien. il n'y a que du cabotinage. Et, si jamais je n'avais jamais entendu parler du mec, j'en aurais une bien piètre opinion. Un alcoolo, drogué, érotomane, toujours en slibard à torturer son assistant et à pleurnicher pour pouvoir sucer une teub... Quelle misère. A cette époque-là, Fassbinder enchainait jusqu'à 7 films par an, plus ses pièces de théâtre, qu'il écrivait, montait, interprétait parfois, c'est l'un des plus gros bourreaux de travail que le cinéma est connu et Ozon se complait à en montrer tout l'inverse. Et qui dire du chamboule-tout final où le personnage insulte tout le monde, sa mère, sa fille, son amie, dans un torrent d'insulte humiliant pour les personnages comme pour le spectateur. Bref, je ne comprends pas quel est l'intérêt d'Ozon de se payer ainsi l'un de ses héros, sans doute par vanité, je ne vois que ça. Au final, ce tout petit film complètement raté, me fait penser à 8 Femmes, autre film du cinéaste que je n'aime pas du tout, dans lequel Ozon, dans sa veine la plus cynique, met en scène des icones pour le simple plaisir de les déboulonner. Juvénile et stérile.