Suite au succès du premier, une suite s’est rapidement mise en chantier, au doux son des mains des producteurs se frottant, les paumes moites par l’avidité. Richard Donner était occupé sur Superman, le scénariste David Seltzer ne voulait pas écrire de suite, peu importe. La séquelle est confiée à des bons petits soldats du cinéma, mais là encore la production veille. Le réalisateur Mike Hodges est remercié en cours de route, mais ses scènes seront conservées, tandis que le vétéran Don Taylor assure la suite.


Autant l’avouer tout de suite, le charme du premier avec son horreur psychologique et ses zones de floue est bien loin. Ce 2 est bien plus direct, plus simple, mais possède malgré tout quelques atouts.
La fin du premier laissait entendre que Damien avait été adopté par le Président des États-Unis et de sa femme, une idée intéressante qui n'a pas été reprise. Car si Damien a bien été adopté par le frère de son père, celui-ci est le président d’une grande firme.


Le flou autour de la nature de Damien n’est cette fois plus possible, il est bien d’essence maléfique. L’enfant a bien grandi entre les deux années de sortie du film puisqu'il est maintenant un jeune adulte. C’est son oncle qui l’a pris sous son aile, un important chef d’industrie, tandis qu’il a rejoint une académie militaire. Le cadre familial du premier est ainsi élargi, annonçant des pistes sur la destinée de Damien.


Damien Thorne devient ainsi le centre du film, là où le précédent lui accordait une importance dans les marges, sans même le montrer. Il rencontre alors différentes manifestations de ses pouvoirs, l’amenant à douter de sa nature. Cela se fera avec un certain nombre d’hésitations, jusqu’à ce qu’il apprenne enfin qu’il est bien le fils du diable. Il faut d’ailleurs souligner l’interprétation troublante de Jonathan Scott-Taylor, d’abord inquiet, avant de s’assumer, toujours en restant dans une palette de jeux assez glacante.


Damien n’est d’ailleurs pas seul, on comprend que certains personnages secondaires l’assistent dans sa prochaine responsabilité, le film prend le parti de ne pas trop en révéler sur l’aide qu’il reçoit. Par contre, c’est quand le métrage se lance enfin dans cette voie intrigante que la fin est proche.
Le film prend un temps fou avant d’arriver à son épanouissement, jetant un certain nombre de pistes autour de l’environnement de Damien, entre sa famille, son entourage à l’école ou ses responsabilités futures dans l’entreprise de son père adoptif, le tout en l’entrecoupant d’un nombre élevé de morts. Le film s’en sert d’ailleurs pour dynamiser un propos un peu mou, sans avoir peur d’en faire trop.


Là où dans le premier, chaque mort avait du sens, égratignant de plus en plus l’entourage du jeune Damien, cette suite aligne les morts de plus en plus spectaculaires de personnages parfois très secondaires. Si ses morts se présentent encore comme des accidents malheureux, la subtilité n’est plus de mise. Le sommet est atteint avec la mort d’un docteur rencontré peu de temps auparavant et qui voulait garder Damien pour des tests plus poussés. Son exécution dans l’ascenseur franchit certaines limites. Il ne s’est passé pourtant que deux ans entre les deux films, mais l’écart est grand entre le dosage assez fin des morts du premier et le voyeurisme du second, qui cherche plus à choquer qu’à l’intégrer dans une histoire. Le film n’ayant d’ailleurs pas peur d’utiliser des grands sabots, chaque mort est annoncée dans un excès de musique et de symboles


Damien, la malédiction : 2 vaut surtout pour les promesses qu’il contient, sur le chemin que va suivre Damien maintenant qu’il se sait de parentèle satanique, s’aidant ou pas d’un certain nombre de personnes qui ne demandent qu’à le servir. La suite possible intrigue, car elle titille la curiosité du spectateur. Mais avant, celui-ci devra endurer un film un peu mou et pourtant qui n’a pas peur d’en faire trop. Avec cette suite, c’est comme si l’originalité du premier s’était diluée dans un conformisme commercial, pas entièrement raté, mais tout de même un peu trop facile.

SimplySmackkk
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le 28 nov. 2020

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