Oiseau de malheur

De façon plutôt étonnante, La malédiction est un succès. En bonne logique marchande une suite est mise en chantier. Une volonté dommageable car atténuant la sublime fin du premier volet mais bon ce n'est ni la première ni la dernière fois que cela arrive(cf : Alien 3 et 4). A l'origine c'est Michael Hodges (réalisateur du très bon Black Rainbow et du très nul Flash Gordon) qui devait se charger de la mise en scène mais son approche déplaît à la production et finalement c'est Don Taylor qui s'y colle. Le scénario ne se prend pas la tête en nous offrant un prologue dans la droite continuation de l'opus précédent.

L'archéologue Bugenhagen a découvert dans une de ses fouilles une peinture représentant l'Antéchrist, portrait craché de Damien Thorn. Avant de pouvoir faire connaître sa découverte il meurt dans l'éboulement de la grotte. Sept ans plus tard, Damien est élevé par son oncle, un riche industriel. Ignorant sa véritable nature, il va entrer dans une école militaire. Mais la mort de ses parents intriguent bien des personnes décidés à connaître la vérité.

Damien la malédiction II applique les mêmes recettes que son prédécesseur : Références constantes à la Bible, scènes chocs de meurtres, apparence innocente de Damien... Mais Taylor marque sa différence par un ensemble de touches subtiles.

Ainsi les scènes de meurtres/accidents sont légèrement plus longues et violentes. Il suffit de voir le deuxième ou une journaliste est attaquée par des corbeaux, nouveau représentant animal de Satan après le chien dans le premier, son visage mutilé avant de se prendre un camion de face. Bonjour la finesse !

De même si l'enjeu à long terme reste le même(la domination du monde par l'Antéchrist), on commence à voir de quelle manière cela va se faire : Par l'exploitation économique systématique des pauvres. Un parallèle avec une situation toujours d'actualité assez ambitieux. L'Antéchrist serait il déjà parmi nous ? Aurait il suffisamment mauvais goût pour ressembler à Bill Gates ? Dans cette optique le film nous montre aussi bien plus d'alliés humains du malin, tous d'ailleurs d'allure respectables et propre sur eux(dont un joué par l'excellent Lance Henricksen).

Pour le reste la structure du film reste la même. L'amateur du premier sera donc satisfait mais on sent toujours le même défaut : Un manque d'ambition et de génie dans la façon de traiter une thématique aussi riche. Taylor réussit toutefois, tout comme Donner avant lui avec sa fin, une séquence géniale et inspirée. Damien réalise en découvrant la marque des trois 6 sous ses cheveux qu'il est bien l'Antéchrist. Bouleversé, il court à perdre haleine, cherchant à fuir(inutilement) la réalité de sa nature. Mais bien vite, après quelques hésitations quand même, il accepte sa condition et va même jusqu'à tuer son cousin Mark, à la fois son meilleur ami et le dernier représentant de son ancien statut d'enfant normal. Ainsi il tire un trait sur son passé et assure son rôle d'incarnation vivante du mal. Puissant ! Au diapason de Taylor, Goldsmith compose une partition dans la lignée du premier film tout en apportant suffisamment d'innovations pour ne pas ressentir une impression de déjà vu.

Encore une suite réussie pour Don Taylor (il avait à son actif Les évadés de la planète des singes) et une bonne continuation du premier volet qui va logiquement aboutir à une trilogie.