Boogie Nights traite d'un sujet vraiment singulier... Une étoile montante dans l'industrie pornographique des années 70. Ce n'est pas une histoire vraie, mais elle est plausible, et son développement est particulièrement intéressant.
On a clairement deux parties distinctes, à la manière de Scarface dans le domaine du deal : une première partie où le personnage principal, doué, grimpe les échelons. Sa nouvelle vie, incompatible avec la précédente, nécessite un adieu à la famille, non sans violence. Son égo grimpe en même temps que sa réputation, et comme toujours dans ce type de scénarios, cela mène inéluctablement à la débandade (littéralement).
Il s'agit donc d'une longue descente aux enfers que je n'avais pas vu venir. Si la première partie est joyeuse, presque drôle et innocente, la seconde est beaucoup plus noire, pessimiste, et montre avec froideur la violence du revers. Avec la magie du montage mettant en parallèle les destinées des personnages, j'ai eu l'impression de me retrouver dans Requiem for a Dream.
Ce déroulement scénario rappelle également There Will Be Blood, que PTA réalisera 10 ans plus tard. Dans son contraste de succès/faillite, le déroulement du film me rappelle beaucoup le court-métrage Nuggets, qui tend aussi de manière progressive vers sa face sombre.
La musique est directement impliquée dans le traitement de notre ressenti. Beaucoup de classiques du disco (Les Commodores, Hot Chocolate, Marvin Gaye...) nous égayent tout d'abord, pour mieux accentuer le contraste lorsque arrive ce son de cloche persistant et malaisant.
Un peu à la manière du plus tardif Le Loup de Wall Street de Scorsese, Boogie Nights prend son temps, met en place très lentement une situation qui doit inévitablement et brutalement s'écrouler. J'ai mis un peu de temps à adhérer à l'histoire, mais lorsqu'on en saisi la portée... Alors Boogie Nights devient vraiment captivant.