Allô Scotty bobo, Allô Scotty comment tu m'as fait j'suis pas beau

Mais allô quoi, tu fais un film d'horreur et t'es radin sur le contenu horrifique. Bon... en gros le film dure 100 minutes et sur les 100 minutes t'as bien 75 minutes où tu vois un gosse seul en train d'essayer de s'échapper d'une cave. Quelquefois il creuse un trou, quelquefois il brise un mur. Voilà, c'est Black Phone de Scott Derrickson.

En fait non, le film est pire que ça. Car non content de lésiner sur l'horreur le film, qui aurait pu se limiter au postulat criminel, incorpore des éléments surnaturels qui font virer le récit au grand-guignol (à la décharge du réalisateur, faut dire que c'est basé sur une nouvelle du fils de Stephen King qui est apparemment aussi peu doué pour l'écriture que son illustre paternel). De fait, le gimmick de la sonnerie n'est qu'un prétexte servant à donner du mou à une intrigue mort-née, un tour de passe-passe amateur mal ficelé permettant à la narration de se sortir d'une situation inextricable. En résumé, les fondations du long-métrage reposent sur un seul et unique deus ex machina branlant. Impossible de faire quoi que ce soit de bon avec de telles bases, Black Phone est voué à un échec téléphoné dès son amorce. Get it? "échec téléphoné". PLEASE TELL ME YOU GET IT, I'M SO SMART AND FUNNY.

Outre son intrigue tuée dans l'œuf, l'œuvre déçoit aussi par son manque d'interactions et de mises en situation. Passées les 25 premières minutes, on ne voit quasi que Mason Thames dans des situations sans réelles menaces et donc sans tension. Il aurait été fort appréciable pour l'intérêt du récit de voir beaucoup plus souvent le personnage d'Ethan Hawke en action. Je ne dis pas non plus que l'histoire aurait dû se complaire totalement dans l'horreur sadique à la Hostel... Mais quand même un peu. Après tout, Scott Derrickson semble vénérer le Massacre à la tronçonneuse de Tobe Hooper (ce qui prouve qu'il a bon goût) et Massacre à la tronçonneuse fût l'un des tout premiers Sadistic Horror. Le meilleur aussi.

Je ne descends pas en dessous de 4/10 car l'ensemble bénéficie d'une très bonne production value, d'une solide imagerie, de quelques fulgurances et d'une entrée en matière "coming-of-age" intéressante (la conclusion du film me laisse cependant quelque peu perplexe).

Sinon, très beau masque. J'aimerais le même.

NB : Ce n'est pas le pire truc provenant de l'univers des King que j'ai vu cette année. Vous connaissez "Firestarter" ? Non ? Vous avez bien de la chance.

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le 23 juin 2022

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Tex_AS

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