L'autre bout du fil

Avis sur Black Phone

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Scott Derrickson / Ethan Hawke / Jason Blum. Dix ans après Sinister, le tiercé se reforme pour essayer de faire coup double.

Une équation récréée avec un terme de plus : l'expertise de Joe Hill, le fils de qui-vous-savez et qui, lui aussi, écrit des bouquins et des nouvelles.

Sauf que le service marketing a encore une fois fait des miracles, en vendant le film comme un film d'épouvante, histoire justement de raccrocher les wagons avec Sinister. Des champions, ceux-là, si vous voulez mon avis.

Car ceux qui vont payer leur place sur ce seul aspect risquent de bien tirer la gueule.

Car même si Scott Derrickson recycle le grain des vidéos de son effort, s'il lui fait du gringue le temps de certains plans, ou s'il fait des références appuyés à Ça, il n'y aura à se mettre sous la dent qu'une poignée de jump scares qui ne marchent qu'à moitié. Black Phone cherche plus, en effet, à s'inscrire du côté du thriller, avec un soupçon de surnaturel pour en relever le goût, avec ce téléphone qui sonne alors qu'il est censé être hors-service.

Un thriller où l'on plonge de plein pied dans les années soixante-dix, mais à contre courant de leur représentation béate, solaire et magnifiée par la nostalgie aujourd'hui fortement rémunératrice. Car sous les yeux et la caméra de Scott Derrickson, le croquemitaine se cache dans l'ombre d'une Amérique morne et malade de sa violence. Il n'y a qu'à voir la description du quotidien de ses personnages principaux pour s'en convaincre, coincé entre la tyrannie d'un père alcoolique et celle d'un milieu scolaire sans concession.

Un quotidien qui fait écho aux nombreuses affaires de rapts d'enfants devenues des archétypes de la criminalité américaine, dans ce qu'elle a de plus noir et de plus dérangeant dans ses sous-entendus, que Scott Derrickson utilisent pour tendre son récit.

Une Amérique qui semble, pour le réalisateur, avoir tout simplement perdu sa foi, dans tous les sens du terme, tant elle semble se cloîtrer derrière ses volets et se montrer désunie face à la menace.

Une ambiance noire et claustro qui sied à merveille au film, et dont le fantôme masqué investit chaque vide du cadre de son masque de démon inquiétant et changeant. Bénéficiant par ailleurs de la puissance de la présence d'un Ethan Hawke des plus inquiétants.

Et quant à ce qu'il y a à l'autre bout du fil, même si la maladresse pointe parfois le bout de son nez, Scott Derrickson le traite avec une certaine forme de pudeur qui pourra surprendre. Parce que tant la douleur que la souffrance, sans être illustrées à l'écran, trouvent à se recréer en une force de salut et de volonté luttant contre l'indicible.

Une lueur d'espoir éclairant les quatre murs décrépits d'un cachot de torture.

Behind_the_Mask, à court de jeux de mots téléphonés.

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