Les meilleurs films de 1957 selon Alexandre G

Annotation :

Un très solide film judiciaire, très ressemblant à l' "Anatomy of a murder' que fera Otto Preminger 2 ans plus tard. Ici, on reste dans la veine du roman d'Agatha Christie : le très charismatique et parfaitement interprété par Charles Laughton, avocat de la défense Wilfrid doit prouver que Leonard Vole est innocent du meurtre d'une femme d'âge mûr de laquelle il s'était rapproché.. et qui lui a légué 80 000 livres sterling une semaine avant de mourir. Mais le principal témoin à charge est la (quasi-) femme de Vole, Christine Helm (Marlene Dietrich), que le Britannique a exfiltré de RDA quelques années auparavant.
Billy Wilder retrace tout le processus judiciaire du point de vue de l'avocat de la défense, depuis la présentation de l'affaire jusqu'au verdict et bien sûr au dénouement. Et c'est comme chez Otto Preminger la précision chirurgicale, l'attention aux détails du tribunal anglais qui séduit indiscutablement : si le tribunal y est beaucoup moins sympathique que dans le film de Preminger (le juge n'y est pas aussi attachant, et le procureur n'est pas non plus autant caractérisé), le déroulement du procès court sur toute la seconde moitié du film.
Mais ce qui nous emporte, c'est surtout la personnalité de Sir Wilfried, une sorte d'anti-Poirot : pas agréable pour un sou, courant constamment après un cigare ou un verre de brandy, jurant d'étrangler Miss Plimsoll, l'infirmière qui lui colle aux basques, il n'en reste pas moins un avocat de génie, qui se fait paradoxalement rouler par le couple à la fin (sans spoiler). Le film entier repose sur lui, ses coups de gueule et surtout sa répartie, l'écriture étant particulièrement soignée. En bref, on se laisse happer par le film et on attend avec délectation les rebondissements.