Saison 1
[Critique par épisodes]


S1E01 : On avait quitté Dexter Morgan à l’issue d’une huitième saison où il semblait que le personnage eut trouvé une sérénité en s’extirpant du cocon professionnel et social qu’il avait su établir sur toute une vie entière. Pour cacher son autre personnalité, Dexter se retirait de Miami et s’exiler dans l’Oregon en menant une exploitation forestière. Cette relance de la série intitulée « New Blood » mêlait craintes comme espoirs à l’idée de réhabiliter certaines sous-intrigues et sorts de personnages soit maladroits, soit mal écrits dans les dernières saisons. Se déroulant dix ans après cette fin tragique, on y suit Dexter sous un faux nom, ayant comme nouvelle routine, celle du civil travaillant dans une armurerie, ayant également une relation amoureuse avec une policière. Mais alors qu’il commence à se sentir suivi, c’est tout l’instinct meurtrier du personnage qui le menace de revenir…


Ce n’était pas chose gagnée que de réussir ce retour, il faut dire que la fin de la huitième saison, comme rappelée au-dessus, n’était pas nécessairement des plus réussies, non pas que l’épilogue était mauvais, mais surtout maladroitement exécuté. Bonne nouvelle, puisque ce premier épisode reprend exactement là où l’on nous laissait, avec Dexter. Dès la première séquence, le personnage semble porter « l’identité du jour » telle que celle qu’il utilisait dans sa vie à Miami, menant des relations amicales avec les habitants de la ville. La tension suscitée lorsqu’il se fait arrêter par la jeune policière incarnée par Julia Jones, elle est rapidement désamorcée par ce fameux second degré qui nous avait tant manqué à la série. Dexter n’est pas soupçonné, et s’il n’est pas attrapé par la police, il semble l’être par l’amour qui le lie à cette femme.


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S1E02 : Ce deuxième épisode poursuit avec logique l’intrigue du précédent concernant les retrouvailles du personnage avec son fils Harrison, sujet central, auquel Dexter doit faire face. La mise en scène est toujours très posée, prenant le soin de cadrer les personnages dans un ensemble beaucoup plus vaste, à l’occasion d’une séquence où Dexter tente de dissimuler les traces de sang laissées à découvert. Et pourtant, malgré le classicisme apparent de l’ensemble, tel un personnage luttant contre son passé, Dexter : New Blood confirme être déjà la proposition intéressante et complémentaire à la série originelle.


Qu’il s’agisse de la policière comme du fils, ce sont deux figures à la fois attachantes pour le personnage vis-à-vis de son présent comme de son futur, comme menaçantes pour son passé. Au fond, ce deuxième épisode introduit un nouvel enjeu des plus retrouvés dans les premières saisons de Dexter, un psychopathe séquestrant une jeune fille, en plus de la disparition du jeune meurtrier que Dexter tente de faire passer comme enfui du pays pour se sortir des mailles du filet. Une menace encore une fois persistante, mais où Dexter conserve un peu de répit. Des échanges entre son fils, une humanité tout entière reprend le dessus sur le personnage, à l’inverse de l’épilogue de l’épisode précédent, confiant la crainte des dark tendancies.


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S1E03 & S1E04 : Les deux derniers épisodes confirment ce que l’on pouvait envisager en ce début de saison, au-delà de la menace externe et imminente à Dexter vis-à-vis des meurtres et du risque de se faire découvrir, ses inquiétudes pour son fils risquent de se justifier à long terme. Cherchant à brouiller les pistes sur la disparition du jeune homme, le personnage se confronte au deuil d’un père obstiné et prêt à tout pour le retrouver. Une très belle scène à la fin du troisième épisode résume plutôt bien le paradoxe même du personnage de Dexter, n’hésitant pas à détruire ce qu’il reste du cadavre du fils, pour prendre pitié du père en l’espace de deux minutes. C’est cette nécessité de jouer double jeu qui menait Dexter à sa perte dans le passé, et il le sait, c’est un combat qui s’impose contre ses propres démons, anciens ou présents soient-ils.


On retrouve d’excellentes touches d’humour bien évidemment, en particulier dues à la présence de Debra dans les deux épisodes, donnant lieu à de bons rires, comme des scènes très intéressantes avec le personnage principal (on pensera à cette séquence où Dexter reprend son métier à étudier la scène d’agression entre son fils et le lycéen). Une routine que le protagoniste doit ainsi reprendre pour passer entre les mailles du filet, mais également veiller à ce que son fils ne dépasse pas les limites. Harrison constitue pour le moment, l’une des grandes forces du récit de cette saison, un personnage complexe rappelant le père de la série originale, tant dans la froideur que sa manière de déjouer les situations les plus inextricables.


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S1E05 : Les soupçons de Dexter sur les instincts meurtriers d’Harrison ne cessent de croître, entre paranoïa et inquiétude parentale. A la fois concerné par la santé mentale et physique de son fils, Dexter devient terriblement maladroit et anxieux, quitte à briser sa routine qu’il tente de conserver depuis le départ, avec la police et les citoyens du village. Harrison, en parallèle, assiste à la fête organisée par ses camarades en son honneur, et consomme stupéfiants et alcool, quitte à tomber dans les vapes. Ce qui n’est pas sans affecter, bien entendu, Dexter…


Un épisode donc fort intéressant, où Dexter aura du mal à se maîtriser pour se venger, il faut le dire, de ce qui est arrivé sur son fils, qui aurait pu vraisemblablement mourir. Recherchant le dealer, et prêt à le tuer, c’est une autre routine à laquelle nous, spectateurs, n’avions pas été conviés depuis longtemps, qui s’impose. Cela est superbement rappelé par la mise en scène, suivant Dexter de près, poursuivant sa victime dans le silence le plus absolu, un plaisir indéniable. Il serait facilement reprochable de penser au manque de réflexion de la part du personnage, tant il se mettrait dans de beaux draps si le dealer disparaissait (premier sur la liste des suspects), mais il ne faut pas non plus oublier le sort des circonstances qui lui est imposé : il a failli perdre son fils, dernier repère familial, enchaîne les problèmes en tous genres au fil des épisodes. La sous-intrigue sur la disparition des jeunes filles prend enfin sens dans un segment de l’épisode, où il s’agira de découvrir qu’il s’agit en réalité du père du jeune fils tué par Dexter, qui les séquestre pour les éliminer en suite en forêt à coup de sniper. C’est un élément que l’on aurait pu deviner facilement certes, mais qui disposait d’une ambiguïté suffisante sur le rapport émotionnel qu’entretient, ou prétendait entretenir le père au fils. Une routine désarçonnée s’imposera au tueur, à l’occasion d’une crise émotionnelle, évoquant celle de Dexter sur le même épisode.


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S1E06 : La découverte d’Angela sur la véritable identité de Jim, alias Dexter Morgan, laissait envisager toute une série d’enjeux conséquents pour le personnage. Cet épisode clôt très rapidement tout doute installé sur une intrigue faussement prévisible, qui aurait pu s’apparenter à une lutte pour Dexter afin de ne laisser aucun doute sur son passé meurtrier à son ancienne petite amie. Le fait est que, comme pour toute cette saison, la thématique développée reste celle de l’apprentissage de chacun sur son passé, mais surtout la remise en question de toute situation personnelle. C’est en saisissant le traumatisme affectif de Dexter, qu’Angela accepte son choix, comme Dexter apercevant toute la complexité de ce qui se trame devant lui. Son fils est incontrôlable, comme lui l’était auparavant, il choisit de le comprendre, comprenant qu’il lui faille de se guérir en se confiant, pour sauver également son fils.


L’émotion est palpable, tant le scénario joue habilement des péripéties. Dexter se doit de protéger ses gardes de Molly Park particulièrement intéressée par l’affaire du Bay Harbor Butcher, mais également de veiller à la sécurité de son fils, psychologiquement atteint et influencé par Matt Caldwell. En ce sens, l’épisode ravive toute la flamme qui faisait le charme de la série originale, Dexter cherchant toutes les issues possibles pour se faire valoir, distiller les doutes sur le meurtrier actif. Une menace à la fois physique et psychologique, caractérisée par la police et le psychopathe, puis son fils, qui ira jusqu’à casser le bras d’un lycéen en public. C’est peut-être la plus grande force de Dexter : New Blood, rendre la fin d’une huitième comme une absurdité incontrôlée par le personnage principal, essayant de regravir les marches pour s’en détacher complètement. L’humour est fabuleux, rappelant les meilleurs moments des grandes confrontations entre Dexter et Caldwell, telles celles avec Doakes (Saison 2) ou Miguel (Saison 3), sans être tout à fait similaire, le personnage restant crédible comme citoyen raisonnable et simplement prévenant. La voix-off, comme Debra utilisée à contre-emploi entre rage et fierté intermittente, s’inscrit de plus en plus comme un désir de liberté pour le personnage.


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S1E07, S1E08 & S1E09 : On commençait la saison de Dexter : New Blood en se demandant franchement où tout cela allait mener, était-ce nécessaire, utile et allait-ce pouvoir rattraper les maladresses d’écriture de la huitième saison de la série originale ? Il faut le dire, ces trois épisodes témoignent d’une grande qualité d’écriture, aux cliffhangers tous éblouissants, entre tension et retrouvailles paternelles entre Harrison et Dexter. Quand le personnage apprend par lettre que Kurt Caldwell connait son identité, tout cela ne mène qu’à une seule obsession : le tuer pour s’en débarrasser, et protéger son fils.


Du jeu machiavélique mené par Kurt, c’est la performance de Clancy Brown qui frappe encore davantage, menant la danse devant Dexter, s’attaquant psychologiquement au fils et physiquement au père. La confusion paternelle ira jusqu’au personnage même de Kurt, portant la responsabilité sur un père qu’il voyait enlever filles et abattre. Pour l’ensemble des personnages, y compris celle d’Angela et sa fille, les instincts deviennent similaires, doutant sur le monde qui les entoure. Entre la traque d’Angela sur ce qu’elle pense avoir comme piste le Bay Harbour Butcher au regard des traces de piqûre laissées sur les cadavres sous l’océan et la lutte pour la survie contre Kurt, Harrison et Dexter deviennent partenaires de crime. Dexter choisit de révéler à son fils la nature de ses pulsions violentes, après l’avoir sauvé de la mort. L’enchainement des péripéties appelle à toujours plus de suspense et tension, ce que l’on pourrait reprocher en précipitations, Dexter : New Blood gagne pourtant le dessus sur le rapport filial. Il semble définitivement clair que la thématique de la saison est bien celle de la confrontation d’un passé familial, que l’on ne peut pas oublier, où l’on doit apprendre à vivre avec. Il n’a jamais été aussi touchant de confronter le regard du passé de Dexter à celui – tout en apprentissage – d’Harrison, vivant comme Dexter, un enfer intérieur dont il est le prisonnier. Le Code d’Harry refait surface, et Dexter comprend enfin ce que son fils ressentait comme besoin, la présence d’une écoute d’un père qui puisse être présent pour lui.


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S1E10 : Le dernier épisode de Dexter : New Blood, évidemment très attendu au vu de la qualité de la saison dans son intégralité, est un uppercut ressenti pour tout fan de la série originale. On se rappelle la fin de la huitième saison, qui avait laissé tout le monde un peu pantois, déconcerté par cette transition expéditive où Dexter devenait bûcher et partait à la « retraite ». Cette nouvelle fin, telle qu’envisagée par Clyde Phillips, clairement dirigée de manière inverse, trouve pourtant toute sa logique, à la fois dans la continuité de ce qui était proposé sur les huit saisons, et les neuf épisodes exécutés.


Pourquoi cela se termine-t-il ainsi ? Tout simplement parce que Dexter est un homme malade, depuis le tout départ de la série, un élève qui comme Harrison, a suivi le Code d’un père, qui, s’il pouvait souvent trouver sens dans l’idée de tuer seulement les meurtriers, trouvait ses limites. Ne pas se faire attraper coûte que coûte, conduisait déjà Dexter Morgan à tuer symboliquement certains de ses coéquipiers, qu’il s’agisse de La Guerta ou Doakes dans les saisons précédentes. Dans cette conclusion, il s’agira de Logan, pour une série de circonstances complexes, mais illustrant toute l’impossibilité de l’idéal visé par Harry Morgan. Sans être très appréciable au sens premier, puisque personne ne voulait apercevoir le personnage sombrer d’une telle manière, cette fin était la seule possible, le personnage ayant commis des erreurs évidentes au cours de la saison (seringue, rapprochement à Kurt) qui ne cessaient de le condamner à la sentence du Bay Harbor Butcher.


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William-Carlier
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le 5 déc. 2021

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