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Le monde est tout de même bien foutu. "Les Androïdes rêvent-ils de moutons électrique" est complémentaire de "Blade Runner", les qualités de l'un nourrissant le génie de l'autre. Exit le côté badass...
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le 25 mars 2011
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Complexe, quand on lit un roman, de se détacher de son adaptation filmique, encore plus quand le dit-film aura fait foisonné tout un imaginaire cyberpunk qui empreint encore aujourd'hui notre pop-culture. Et pourtant, l'effet de détachement est nécessaire si l'on veut pleinement apprécier une œuvre source tel que "Les Androïdes Rêvent-Ils de Moutons Électriques ?".
Le début peut apparaître comme décevant, quand on lit certaines lignes de textes faisant référence au prix du canard de Barbarie ou quand Rick Deckard, figure quasi-mutique et imperturbable, perd tout ses traits pour devenir un banal employé exécutant des tâches qu'il considère d'un œil vide, et cherche en vain à obtenir un animal vivant ET réel. En effet, l'obtention d'un animal au sein de son logement devient ici une véritable fascination, dans le simple but de montrer à tous sa preuve vivante d'être un "être d'empathie".
Car ici, la clé de voûte de ce roman est la notion d'empathie, qui permet d'obtenir une faible, mais visible, distinction entre humains et androïdes.
Mais alors, pourquoi chercher à poser une barrière entre ces deux races ? Pourquoi refuser que des androïdes se mêlent aux humains ? Pourquoi mettre en place des batteries de test pour les reconnaître, qui ne cesse d'être modifiés et renouvelés au fur et à mesure que de nouvelles versions plus perfectionnées arrivent sur le marché ? Car il faut une façon de les reconnaître, car l'humanité en a besoin pour ne pas sombrer dans le néant d'un quotidien devenu poussiéreux et pollué. Pour ne pas perdre ce brin d'humanité qui permet encore à l'homme de dire "Je suis moi, je suis un être de chair capable d'émotions et d'empathie."
Les moments introspectifs de Deckard permettent de mieux comprendre cette étrange société qui, en quête d'un contact virtuel avec une nouvelle figure christique, cherche elle aussi son propre chemin de croix et sa propre passion.
Rick Deckard est un reflet de cette société de dieux de l'ennui, cherchant à fuir l'entropie et le temps qui passe, et ayant mis au banc de l'humanité ceux ne désirant pas s'en aller dans l'espace, en quête des étoiles.
Il est un être de chair qui, au cours de sa traque sans fin, se questionne sur sa propre humanité, et ses sur ses choix moraux. Car si il se met à éprouver de l'empathie pour les androïdes, voir même à en aimer certains, qu'est ce qui les différenciera alors de lui ?
Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste La Caverne à romans du Maître Archiviste
Créée
le 19 sept. 2021
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