C'est un titre qui me fait rêver depuis que je suis petite. Pas parce que c'est du Proust, mais la sonorité me semblait évoquer quelque chose de très mystérieux, je voyais de la brume, un lac, une jeune fille aux allures de cygne qui cueillerait des fleurs ou qui mangerait une madeleine.

J'avais eu, comme beaucoup, à étudier au lycée le fameux passage sur ce souvenir de la madeleine, et j'avais par la suite tenté de partir à la conquête de ce Temps perdu. Mais je n'avais pas accroché, je n'avais pas assez de patience il me semble, je ne prenais pas assez le temps de savourer ces longues phrases qui s'étirent.

Parce que, oui, en effet, elles s'étirent, elles s'étendent, elles se ramifient, et si l'on n'est pas prêt à prendre le temps de suivre leurs cours, cela peut gâcher la lecture. Mais en fait c'est pour un long voyage en barque sur les rives des souvenirs et surtout des impressions de l'auteur .
Si le début, sur l'enfance de Marcel Proust, est charmant, il est pour moi nettement moins intéressant que dans sa deuxième partie, Un amour de Swann, parce qu'il pratique alors l'autopsie du sentiment amoureux, et surtout du sentiment de l'amour malmené, avec une précision chirurgicale remarquable. Pour qui a pu vivre pareil sentiment, chaque phrase raisonne comme l'écho de ses propres souvenirs, et, par le même truchement, permet de prendre du recul sur soi.

Néanmoins ce que j'admire tout particulièrement dans cette analyse des sentiments et leur rendu fait aussi ce qui justifie que je n'ai pas mis une note plus élevée : j'aime les accents passionnés, déraisonnables, et le style Proust est d'un français incroyablement riche, minutieux donc, mais un peu trop sage à mon goût. Comme on réfléchirait aux bêtises qu'on a pu faire en s'expliquant le pourquoi du comment à tout instant, ce qu'il fait ici précisément, sans pour autant les revivre réellement.

Vraiment hâte de lire la suite!
EIA
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le 6 juin 2013

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EIA

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