Cover CHARLIE KAUFMAN, ou le complexe du génie scénaristique

CHARLIE KAUFMAN, ou le complexe du génie scénaristique

Si nous chroniquons les différents films scénarisés par l'auteur, c’est pour tenter de percer le mystère CHARLIE KAUFMAN – si tant est que cela soit possible – avant la sortie de son prochain long métrage Anomalisa, le 3 février 2016 !

Liste de

5 films

créee il y a environ 8 ans · modifiée il y a environ 8 ans

Dans la peau de John Malkovich
7.2

Dans la peau de John Malkovich (1999)

Being John Malkovich

1 h 52 min. Sortie : 8 décembre 1999 (France). Comédie, Drame, Fantastique

Film de Spike Jonze

Le Blog Du Cinéma a mis 9/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Déjà, le pitch : Craig, un marionnettiste au chômage vit en totale déprime affective, avec sa compagne Lotte. Sous la pression, Craig trouve un job d’archiveur dans les locaux de Lester Corp, à l’étage 71/2 du building Mertin-Flemmer ; il y rencontrera la sexy Maxine et tentera de la séduire. Après moult humiliations, Craig découvrira dans son bureau une porte menant… à l’intérieur du cerveau de John Malkovich.

Dès la première scène et jusqu’à l’introduction du fameux acteur éponyme, c’est tout un monde de névroses, de complexes et de fascinations qui nous jaillit à la figure à travers les personnages de Lotte, Maxine et Craig :

Complexe(s) d’infériorité, passion pour les marionnettes, obsession pour la domination et le contrôle ; névroses particulièrement enfouies, par rapport au couple et à la parentalité ; fascination pour les avatars de substitution à l’enfant (marionnettes et animaux) ; fantasme et fascination du demiurge artistique (le marionnettiste), inadaptation au monde et notamment le professionnel (à l’inverse d’artistique).
Complexe de l’incompris, fascination pour les subtilités du langage, utilisation de marionnettes comme moyen d’expression débridée (orale, culturelle, sentimentale) ; obsession pour le sexe, complexe de la solitude, fascination pour la superficialité (Maxine, les marionnettes)…

Chacun des personnages du triangle amoureux est, à travers ses complexes, fascinations et névroses, un écho, un miroir et une antithèse des 3 autres. Cette première demi heure est ainsi une phase d’empathie d’une concision, d’une précision et d’une fluidité monumentales ; elle nous permet de comprendre clairement que ces 3 protagonistes personnifient les obsessions de CHARLIE KAUFMAN, l’homme derrière l’auteur.

La suite sur Le Blog du Cinéma
http://www.leblogducinema.com/critiques/charlie-kaufman-le-complexe-du-genie-scenaristique-84553/

Ou sur Sens Critique
http://www.senscritique.com/film/Dans_la_peau_de_John_Malkovich/critique/81160543

Human Nature
6.5

Human Nature (2001)

1 h 36 min. Sortie : 12 septembre 2001 (France). Comédie, Drame

Film de Michel Gondry

Le Blog Du Cinéma a mis 6/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Le pitch : Lila une femme à la pilosité exacerbée, est partagée entre un retour à la nature (à tous les sens du termes) ou se fondre dans la masse en masquant son identité ; elle rencontrera le Dr Nathan Bronfman, un scientifique chasseur de l’instinct, traumatisé par la rigidité de ses parents et obsédé par la transmission des bonnes manières, dans le but de « changer la face du monde ». En parallèle, Puff, un enfant sauvage devenu adulte, sert de cobaye à Bronfman, qui tente de le civiliser de force. Au milieu de tout cela, Nathan se lie d’affection pour son assistante, la « française » Gabrielle…

Bien connaître la filmo des deux auteurs Jonze et Gondry (voir nos articles ICI ou LÀ) nous permet de rapprocher et comparer Dans la peau de John Malkovich1999 et HUMAN NATURE2001, leurs deux adaptations respectives des scénarios de Charlie Kaufman ; cela nous permet de repérer le problème majeur de HUMAN NATURE : Michel Gondry.

Contrairement à Craig, Maxine et Lotte exprimant parfaitement dans Dans la peau de John Malkovich, les facettes névrosées de Kaufman, on perçoit particulièrement dans HUMAN NATURE, la personnalité du réalisateur Michel Gondry exprimée à travers les protagonistes créés par Charlie Kaufman ; une binarité de caractères nuisant à leur crédibilité.

C’est dommage car le script de Charlie Kaufman développait quelques aspects entraperçus dans celui, programmatique, de Dans la peau de John Malkovich ; l’auteur nous y expliquait son rapport aux femmes, à l’amour ainsi qu’à la sexualité en utilisant des métaphores exacerbées de ces notions. Si certaines sont plus reconnaissables et évidentes que d’autres (le triangle amoureux, la reproduction du schéma familial), d’autres comme l’image d’un symbole de la féminité et de l’instinct à travers une femme à la pilosité abondante ou le thème de l’homme-singe à civiliser métaphore de l’enfant à éduquer, fascinent par la simplissime puissance de leur allégorie. Seulement plutôt qu’une adéquation entre réalisation et scénario, on ressent plutôt un conflit entre les visions de deux auteurs – l’une trop visuelle, l’autre forcément scripturale – alors qu’ils partagent pourtant les mêmes obsessions.

La critique, sur Le Blog du Cinéma
http://www.leblogducinema.com/critiques/dossier-charlie-kaufman-human-nature-85119/

ou sur SC
http://www.senscritique.com/film/Human_Nature/critique/82842929

Confessions d'un homme dangereux
6.7

Confessions d'un homme dangereux (2002)

Confessions of a Dangerous Mind

1 h 53 min. Sortie : 11 juin 2003 (France). Biopic, Drame, Policier

Film de George Clooney

Le Blog Du Cinéma a mis 5/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Si nous chroniquons ce film, 13 ans après, c’est pour tenter de percer le mystère CHARLIE KAUFMAN – si tant est que cela soit possible – avant la sortie de son prochain long métrage Anomalisa, le 3 février 2016. Retour donc à CONFESSIONS D’UN HOMME DANGEREUX, où il n’est encore « que » scénariste (George Clooney réalise), pour constater ce qui se passe lorsqu’il n’y a aucune adéquation entre scénario et réalisation.

Mais avant de commencer à parler de Charlie Kaufman, il me faut évacuer toute ma bile envers George Clooney-réalisateur. Si j’adore la classe et le flegme de l’acteur, je ne supporte en rien sa réalisation. Je trouve qu’il n’a aucune conscience de la portée de l’image, qu’il ne sait pas comment générer de l’empathie (un comble pour un réalisateur qui se borne à parler de personnages antipathiques), ni de comment donner du rythme à ses œuvres. Il semble se contenter d’illustrer platement (mais reconnaissons-le, avec style) des scripts au fort potentiel, de mettre en scène « à la manière de » (Coen, Soderbergh…) sans jamais trouver son ton propre. Pourtant, Clooney s’attaque à de passionnants sujets, parfois riches en interprétations, parfois politiques – jamais exploités avec sensibilité.
Si l’on ne peut vraiment défendre The Monuments Men, étalant tous les problèmes sus-cités plus un souci de fond quant à l’idée scénaristique de départ ou des ambitions esthétiques réduites à zéro ; on conseillera néanmoins l’efficace Good Night and Good Luck, où malgré le manque d’acuité de Clooney, David Strathairn s’empare du film pour donner de multiples enjeux à chacun et ainsi dépeindre une époque conservatrice et dirigiste comme reflet de la nôtre.

Quant à CONFESSIONS D’UN HOMME DANGEREUX, il apparaît comme une illustration linéaire et très superficielle du potentiel psychologico-analytique inhérent aux scripts de Charlie Kaufman. Clooney, au contraire de Michel Gondry et surtout Spike Jonze, n’a aucune empathie pour les névroses de l’auteur. Il semble ne voir en lui que « le mec nominé à l’Oscar du meilleur scénario » et l’opportunité d’une bonne histoire… Il n’en tire donc qu’une bonne histoire et se bride énormément sur tous les autres points, empêchant par exemple ses acteurs d’exprimer une quelconque subtilité alors qu’on la suppose présente dans le script initial.

La critique sur SC
http://www.senscritique.com/film/Confessions_d_un_homme_dangereux/critique/82845383

Adaptation.
7.1

Adaptation. (2002)

1 h 54 min. Sortie : 26 mars 2003 (France). Comédie, Drame

Film de Spike Jonze

Le Blog Du Cinéma a mis 8/10 et a écrit une critique.

Annotation :

nous chroniquons ce film, 13 ans après, c’est pour tenter de percer le mystère CHARLIE KAUFMAN – si tant est que cela soit possible – avant la sortie de son prochain long métrage Anomalisa, le 3 février 2016.

Retour donc à ADAPTATION., où il n’est encore « que » scénariste (Spike Jonze réalise), pour constater une nouvelle preuve du génie de l’auteur (et du réalisateur), quoi que sensiblement minimisé en fin de course, par un « troisième acte » cohérent d’un point de vue scénaristique, mais nous laissant en tant que spectateurs du film, sur notre faim.

La première scène est déjà le programme du film. Écran noir, la voix de Nicolas Cage, un lot incessant de réflexions névrosées.
Cette voix définit en quelques phrases : un auto-dépréciatif chronique, un éternel insatisfait ; un complexe d’infériorité vivant. Un talentueux procrastinateur. Un ego incompris. Un hypocondriaque au bord de la dépression. Un enfant de la pop culture fasciné par le quotidien. Un inadapté socio-professionnel. Un auto-centré en nécessité d’affection, de sexe, de rapport à l’autre. Un homme qui doute de son aptitude à transmettre quoi que ce soit : au public, aux artistes, à cette progéniture fantasmée… Craig, Bronfman, Maxine, Chuck barris, Lotte, Puff, Lila, John Malkovich… Toutes ces définitions oxymores et pléonasmes peuvent s’appliquer aux exubérants personnages des scénarios de Charlie Kaufman.


Cette introduction d’ADAPTATION. vient donc clarifier les choses : si ces névroses définissent Charlie Kaufman, alors les personnages de ses films sont Charlie Kaufman. Chaque script de l’auteur est alors comme une thérapie lui permettant de s’auto-analyser grâce à une extrapolation scénaristique des interactions entre ses différentes névroses (personnages donc). L’histoire, quelque soit son degré de folie, n’est, à mon sens, pas la qualité première de ses films, car elle n’est que la façon la plus logique de lier au medium cinéma, la psychologie et les obsessions de Kaufman, personnifiées et mises en interaction.

La critique, sur Le Blog du Cinéma
http://www.leblogducinema.com/critiques/dossier-charlie-kaufman-adaptation-85169/

Ou sur SC
http://www.senscritique.com/film/Adaptation/critique/82847918


Eternal Sunshine of the Spotless Mind
7.8

Eternal Sunshine of the Spotless Mind (2004)

1 h 48 min. Sortie : 6 octobre 2004 (France). Drame, Romance, Science-fiction

Film de Michel Gondry

Le Blog Du Cinéma a mis 10/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Dans un univers légèrement dystopique, Clémentine a fait effacer Joel de ses souvenirs ; ETERNAL SUNSHINE OF THE SPOTLESS MIND raconte la tentative de Joel de combler ce trou fait dans sa matière spirituelle, en procédant à l'effacement réciproque de Clémentine de sa propre mémoire.
Le film est ainsi cette histoire d'amour pas tout à fait comme les autres, racontée sous sa forme négative; cinématographiquement à l'envers (effondrement, érosion, naissance, et... ) et avec recul, une histoire éprouvée dans le souvenir et donc dans sa dimension historique à proprement parler. Un souvenir raconté au présent... Quoi de plus paradoxal ?

Personnifier des névroses et fantasmes, leur inventer un vécu, les faire interagir et créer un environnement cohérent qui puisse accueillir le résultat de cette interaction, à toujours été la base du cinéma de Kaufman. Mais en analysant le sentiment amoureux lui-même plutôt qu'en traduisant une introspection en matériau filmique, le cinéma écrit par Charlie Kaufman gagne quelque chose d'unique, d'universel, d'intemporel.

Pour moi, ETERNAL SUNSHINE OF THE SPOTLESS MIND est le travail d'adaptation que Kaufman souhaitait fournir avec Le Voleur D'Orchidée: transposer un vécu et toute sa sensibilité, en une histoire portant sa marque d'intelligence et de stimulation.

L'apport de Charlie Kaufman à travers son génial script apparaît dans un premier temps, à travers la structure scénaristique; l'auteur façonne ainsi un récit éclaté qui mélange plusieurs sous intrigues, les déconstruit, puis réorganise le tout d’une façon bluffante (recomposition des actes, déstructuration des scènes qui prennent une autre dimension dès lors que l’on rassemble le puzzle). Dans ETERNAL SUNSHINE OF THE SPOTLESS MIND, Joel est le spectateur de sa propre vie à travers le film de sa mémoire. Cette mise en abyme typiquement Kaufmanienne place donc le protagoniste à un niveau métaphysique, bien au-dessus de ce qu’il a pu - jusque là - tirer de ses expériences. Il en est d'ailleurs de même pour ceux qui effacent sa mémoire. Rendre palpables les émotions en transformant les mécanismes de la perception; allier la sensation présente avec le souvenir d'une perception passée emmagasinée dans la mémoire; matérialiser par le récit la frontière entre mémoire et vie réelle...

La critique, sur SC
http://www.senscritique.com/film/Eternal_Sunshine_of_the_Spotless_Mind/critique/38433116

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