Déjà quatre ans qu’il est sorti le fameux Red Dead Redemption II, mais ce n’est que maintenant que j’y touche. Pourtant, il reste encore aujourd’hui assurément beau. Ah c’est sûr, visuellement, ça déboîte. Et il n’y a pas que ça qui en fait un « grand jeu ». Les détails de cet open world sont faramineux, c’est un florilèges de possibilités qui s’offrent au joueur, les couilles de chevaux grossissent selon la météo, la pilosité de notre personnage évolue au fil du temps !


Ouep, y a pas à dire. Les gars de Rockstar Studio se sont montrés très pointilleux sur les détails du deuxième volet des aventures de John Marston, Dutch Van Der Lint et compagnie. Et a vrai dire, je ne peux que respecter ça. En matière de travail apporté au soft, on ne peut qu’applaudir le soin apporté et je comprendrai presque les gens qui hurlent au chef d’œuvre voir même au meilleur jeu de tous les temps.


Sauf que pour moi, il y a eu quelque chose avant ce Red Dead Redemption II. Un p’tit jeu sorti en 2010 qui s’appelait…Red Dead Redemption. Un jeu de fou furieux dans lequel on incarne John Marston, un ex-bandit forcé par le gouvernement de retrouver ses anciens camarades. Ce que j’adore avec ce jeu, c’est le concept même de son histoire : on incarne un personnage contraint de renouer avec un passé qu’il s’efforce d’enterrer. Tout ce qu’on fait avec jubilation (tout exploser), on le fait au détriment de John Marston, celui qui essaye justement de quitter ce monde de barbare et de s’insérer dans la société. Le tout culmine avec un final terrible mais marquant comme jamais. Perso, ce Red Dead Redemption, même en connaissant la fin à l’avance, il m’avait laissé sur le cul.


Du coup, j’en attendais beaucoup de cette suite (ou plutôt prequel) et de son Arthur Morgan que beaucoup clament comme un des personnages les plus splendides du 9em Art (rien que ça). Alors ouais, Arthur Morgan, il est cool, il a une voix de bon daron qui boit des bières, la gueule de celui qui peut stopper une baston d’un simple coup de poing, la sensibilité d’un chaton à qui on ferait des papouilles et le charisme de Schwarzenegger. Son histoire est touchante, il a une bonne évolution et son dernier arc reflète parfaitement ce qu’on pourrait décrire comme une rédemption. D’accord.


Mais pour moi, il lui manque une case à cet Arthur. Une case qui faisait pourtant tout le sel de John Marston : le dilemme moral. Dans Red Dead Redemption II, on suit une bande de hors-la-loi sans scrupules qui tentent de s’enfuir d’un pays qui ne veut plus d’eux. C’est l’éternelle course contre la montre pour trouver l’argent suffisant et partir, quitte parfois à agir comme le dernier des salopards auprès de la populace. Mais très vite, le chef de la bande vire zinzin et est manipulé par Micah, un type peu recommandable. On voit la chose arriver, on est sur une machine infernale, une spirale de violence qui ne prendra fin que dans le sang, une spirale qui va durer…50h de jeu. Et peut-être, j’ai pas l’habitude de m’adonner aussi longtemps à un jeu, mais pour moi, la narration de RDRII patine beaucoup trop longtemps. Trop longtemps j’ai eu envie de dire à Arthur de se bouger les fesses et d’ouvrir les yeux sur tout ce qu’il se passe autour de lui. Marston dans le premier jeu avait une excuse, il était le toutou du gouvernement. Arthur n’a que sa loyauté faussement justifiée auprès de Dutch pour agir de manière aussi illogique tout le long du jeu. Alors oui, il trouve un peu plus de nuance dans son dernier arc et les dernières heures passées avec lui sont les meilleures du jeu, un condensé d’héroïsme et de mélancolie, le tout accompagné par une direction artistique et des effets de mise en scène sublimes (et les musiques bon dieu). Mais pour moi, c’est arrivé beaucoup trop tard.


Le pire, c’est que l’épilogue dans lequel on suit John Marston quelques années après, c’est clairement la phase de jeu que j’ai préféré. Plus condensé, plus abrégé (sans jamais aller trop vite) et s’inscrivant parfaitement dans le propos de RDR premier du nom. Suis-je un fanboy de Marston, on pourrait le croire, mais pour moi, ce personnage a clairement plus de substance que Morgan, ne serait-ce que dans ses dilemmes moraux et ses interactions avec les autres protagonistes. Morgan est trop solitaire et trop parfait. Le jeu a beau vouloir balancer ça avec une jauge d’honneur, j’ai été incapable de jouer le gros méchant avec lui. Résultat, j’ai fini le jeu avec la barre d’honneur au niveau maximal et un Morgan presque trop lisse. Curieux non ?


Alors oui, à côté de ça, je suis conscient que Rockstar a parfaitement su user des spécificités du médium vidéoludique pour nous offrir des séquences semi-jouables splendides. Les choix imposés au joueur ainsi que les nombreuses cinématiques y sont pour quelque chose. Ainsi, RDRII prouve encore une fois que le jeu vidéo peut être plus qu’un simple défouloir jubilatoire à la GTA, mais bien une forme d’expression qui implique son spectateur/joueur comme aucune autre. La preuve en est, beaucoup s’y sont retrouvé dans le parcours d’Arthur Morgan et parlent de lui comme une icône de la pop culture à peine quatre ans après la sortie du jeu. Quelque part, je veux bien les comprendre, mais pour moi, le personnage a trop de failles, et c’est peut-être parce que le jeu m’en a trop montré avec sa durée de vie à rallonge, que j’ai fini par les voir.



Mais je suis là à vous parler de narration et de scénario alors qu’on est quand même face à un jeu vidéo et donc, de l’amusement. Et encore une fois, mon appréciation de RDRII, bien que majoritairement positive reste en demi-teinte. Oui, c’est beau, incroyablement beau, les détails sur les tenues, sur les interactions de Morgan avec l’environnement sont riches, réalistes et surtout…vraisemblables (ce qui est rare pour le souligner, en général, dans les jeux vidéo, tout va très vite). Mais justement, un jeu vidéo se doit d’aller « très vite ». Étant un impatient, j’ai eu beaucoup de mal à tenir le rythme imposé par RDRII. Si certaines cinématiques sont incroyables, elles ne représentent qu’un dixième de l’ensemble. Les autres sont, certes, bien écrites, mais tirent à rallonge pour rien. Les chevauchées, bien que très immersives et pouvant être abrégées, sont beaucoup trop longues. Et même pour faire des voyages rapides, il faut ouvrir le campement, sélectionner le voyage rapide, sélectionner le lieu puis se taper 1min30 de cinématiques pour nous montrer le voyage alors qu’on utilise justement cette option pour l’écourter. Et ce sentiment est à tout moment dans les phases de gameplay. Si dépecer un animal dans le premier jeu se faisait en quatre secondes, ici, ça en prend quinze. Il faut que le couteau rentre dans la peau, qu’on retire la peau, retourne l’animal, arrache le reste de peau. Oui, c’est beau, c’est classe. Mais passé le centième animal, ça suffit. D’autant plus qu’à cela s’ajoute la rigidité du personnage ainsi que du cheval (le nombre d’arbres que je me suis pris dans la gueule). Certes, on s’y accommode en partie, mais jamais totalement. Parce que perso, je finissais pas zieuter mon salon dès que je dépeçais un animal ou faisais un voyage rapide…pas très immersif tout ça.


Donc voilà, Red Dead Redemption II, même s’il a des qualités immenses, qu’il s’impose comme une œuvre d’art vidéoludique, il faut lui reconnaître ses nombreux défauts aussi bien en matière de gameplay que dans sa narration. Alors certes, aucune œuvre n’est parfaite, mais justement, moi, ces défauts, ils m’ont privé d’une certaine immersion. Immersion qui m’avait pourtant si bien prise dans le premier volet. Voyons donc ce qu’il en sera si un nouveau volet de cette saga de western refait surface.


Créée

le 14 déc. 2022

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James-Betaman

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