Dans la succession des courants qui bouleversèrent le cinéma européen puis mondial, on a souvent, assez facilement, rattaché le néoréalisme à la Nouvelle Vague. Tous deux sont nouveaux, oui, tous deux introduisent une réalité dans le cinéma, tous deux enfin l'introduisent par la caméra-stylo avant-tout. Mais peut-être faut-il davantage mettre l'accent sur l'importance du cinéma italien des années 50 comme successeur du néoréalisme et prédécesseur de la Nouvelle Vague, comme cinéma qui va rajouter à la représentation de la réalité qui éclore la modernité d'une nouvelle image nécessaire. Roberto Rossellini, déjà avant Fellini et son passage du néoréalisme à un cinéma de l'onirisme, en serait alors peut-être le plus important acteur. Non seulement est-il le cinéaste d'un réel qui crève l'écran et d'un cinéma qui remet l'accent sur la réalité populaire, comme avec le bouleversant Rome, ville ouverte en 1945, il est également celui de mélos sentimentaux anglophones comme Voyage en Italie. Un changement radical ? Non. Justement, le génie de Rossellini n'est pas que de redéfinir le cinéma italien des années 50 en le plongeant dans ses thèmes modernes (ici, l'incommunicabilité au sein du couple comme les italiens sauront si bien la décrire, de Fellini à Antonioni en passant par Bolognini, en tant que thème individualiste qui tranche a priori avec la représentation populaire du néoréalisme), mais bien de concevoir ce renouveau en continuité immédiate avec le néoréalisme.
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