Desplechin a placé son ambition pour ce film dans une œuvre entre « Fanny et Alexandre » et « Saraband » d’Ingmar Bergman, excusez du peu… On l’avait quitté en 2004 sur l’abominable, euh non le minable tout court « Roi et reines », allait t-il replongé dans ses travers ? Pas tout à fait. Ce film est une demie réussite. Jamais je n’aurai imaginé dire ça un jour de ce trublion malsain. L’idée de nous plonger dans le mal être familial sur cette période si particulière qu’est la préparation de Noël, avec son fiel habituel est séduisante. Tout autant le casting, sur lequel repose d’ailleurs la principale qualité du film. Deneuve, Emile Berling, Poupaud, Mastroianni et Roussillon sont impressionnants à l’opposé de Carré et la grosse dinde de Devos. Il se débarasse un peu aussi de son maniérisme et de sa prétention forcenés pour donner parfois de belles et grandes scènes (rapports amoureux Deneuve/Roussillon, rapports de haine Deneuve/Almaric…). Tout se tient à peu près jusque le jour du 24 décembre, l’intérêt est constant. Après, Desplechin desplechinise, sa mise en scène névrosée accable tout et l’on a qu’une envie en finir avec ce Noël pourri. On sent un progrès dans le parcours de ce réalisateur et l’on se met à espérer que le prochain soit enfin un vrai film. Autre qu’un défouloir malsain et indécent provoqué par une vision subjective de l’humanité d’un mec qui n’a pas compris grand chose à la vie. Bergman en ce sens et dans les films cités plus haut pouvait se permettre d’écorner les rapports humains, il a vécu et ne s’est pas satisfait de conter les heurs et malheurs de sa petite bulle très protégée de laquelle il n’est jamais sorti.
Fritz_Langueur
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le 16 sept. 2014

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Fritz Langueur

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