Sept ans déjà après Mad Max: Fury Road et deux ans avant l'aboutissement d'un Furiosa pour le moins étonnant, l'heure du retour de l'enfant terrible de Chinchilla, George Miller, a sonné avec un nouveau projet à l'amplitude de la saga l'ayant rangé parmi les plus grands. Si la (saluée à juste titre) précédente pellicule ouvrait grand la voie à une forme moderne et éclatante du cinéma d'action tout en conservant une savoureuse pluralité de registres, force est de constater que ce Three Thousand Years of Longing fait le choix de faire table-rase des acquis afin de tirer parti d'une forme de conte tragico-féerique concluant d'accessibilité mais quelque peu décevante.


Le film a pour défaut de vouloir se cantonner à un format "film à sketches choral", comme pour surfer sur la vague faisant la rentabilité d'un Wes Anderson (c'est pas un hasard si Tilda Swinton se pointe chez les deux). Mais si un tel choix aurait pu s'avérer pertinent sur une durée s'étendant sur le quart du film, le concept perd de son intérêt au bout du deuxième récit et place le concept du film en porte-à-faux. La déconcertante de ces mini-récits emboîtés est-elle malencontreuse ou délibérée ? Difficile à savoir.
Passé outre ce souci de rythme, ce nouveau film offre quelques beaux moments, de l'ouverture à l'ultime et étrange séquence qui nous fait subitement sortir la tête hors de l'eau. À un rythme variable, c'est à nous de chercher minutieusement les bonnes idées véhiculées qui viennent rehausser cet ensemble un peu terne. Les échanges Elba/Swinton s'avèrent de ce fait l'argument de vente par excellence pour nous convaincre in extremis, tant le duo fait des étincelles.


Un autre défaut que soulève 3000 ans à t'attendre est son manque de profondeur, en plus de son côté un chouilla monocorde. On apprécie le côté un peu déjanté de l'univers qui propose une hybridation entre l'univers des Mille et une nuits et le nôtre avec un enthousiasme assez vif, néanmoins gâché par ces transitions et l'atmosphère encore trop terre-à-terre pour raviver une flamme qui semble perdue. Heureusement, Tilda Swinton n'est pas dénué de la classe british et hors-sol qui la caractérise si bien. Idris Elba que je n'apprécie pas toujours, trouve un rôle à sa mesure mais se réduit quelque peu ici au registre boudeur, voire plaintif, rendant son personnage difficilement attachant. Pour le dire de façon concrète, tout cela semble un peu austère et l'ennui pointe son nez régulièrement, bien que le film ne soit jamais désagréable pour autant. Plus généralement, la seconde moitié du film est d'un acabit inférieur à celui dudébut.


Pour qui ne connaîtrait pas les précédentes oeuvres du bonhomme, on peut aisément se laisser séduire par ce film qui n'en demeure pas moins correctement mis en scène et plutôt sympathique, tout en restant inoffensif et peu mémorable.
3000 ans à t'attendre n'est pas mauvais, mais juste pas marquant. Le level amorcé avec se confirme donc : Miller ne réitérera pas toute l'émotion de son oeuvre passée.

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le 30 juin 2022

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