The Scribbler
4.9
The Scribbler

Film DTV (direct-to-video) de John Suits (2014)

Voilà typiquement le genre de petit film qui va se manger dans les dents une avalanche de 2 ou 3, tout simplement parce qu’il est nourri par une forte ambition qui ne peut s’exprimer à l’écran faute, d’une part, d’un budget trop contenu, et d’autre part, de l’inexpérience de son metteur en scène. Mais qu’on ne s’y trompe pas, il y a dans The Scribbler un tel panel d’influences qu’il serait dommage de le juger uniquement sur ses apparences partiellement bancales. Les films sincères sont aujourd’hui tellement rares qu’il convient de les saluer lorsqu’ils parviennent à se frayer un chemin vers cette platine que l’on chérit.

Puisant fortement son inspiration dans l’univers comics dont il est issu, on retrouve dans The Scribbler cette sensibilité pour la typographie, cette envie de jouer avec la lettre, de faire danser les mots, qui est propre à son support d’origine. Le personnage en lui-même de cette deuxième personnalité est très typé bande dessinée, et s’il n’est pas toujours réussi à l’écran, il possède néanmoins un charisme évident. Ces trainées d’encre qui lui donnent son pouvoir, qui se mêlent au sang de son hôte en nageant dans ses veines, ont un potentiel graphique féroce, si prometteur que l’on regrette véritablement que John Suits n’ait pu jouir d’un budget plus confortable.

Mais en l’état, les efforts payent tout de même, certaines séquences sortent du lot, toutes les déambulations de la jeune Suki dans les couloirs d’un immeuble inhospitalier notamment. En outre, la photographie est plutôt bien sentie, en tout cas suffisamment réfléchie pour générer un univers qui est propre à The Scribbler. Rien que pour cela, pour cet acharnement à se démarquer du tout venant, il est à mon sens nécessaire de supporter ce genre d’entreprises, qui témoignent que le cinéma de genre est toujours investi par des passionnés qui osent, quitte à se prendre de plein fouet le mur douloureux d’un accueil critique hostile.

Aussi, malgré les défauts évidents dont le film est parsemé, j’ai envie de soutenir cette péloche couillue. Couillue parce qu’elle va se prendre une sacrée paire de manchettes en pleine mâchoire. Entre les fanboys d’Arrow, venus en cette terre peu accueillante pour la jolie Katie Cassidy (qu’ils se rassurent, elle joue toujours aussi mal !), qui risque d’être un peu dépaysés par les idées décousues qui propulsent The Scribbler, et tous ceux qui seront pris d’une forte envie de couper court à l’expérience quand ils se rendront compte du côté cheap de l’ensemble, il y a fort à parier que le premier essai de John Suits va bien se faire allumer, ou rester dans l’ombre.

Et si j’aime à penser qu’il faut savoir parfois puiser le fond et l’intention d’une péloche, en particulier quand la forme est fébrile, je comprendrai aisément que vous rejetiez complètement le film, et me preniez, par la même occasion, pour un allumé du casque qui n’a plus trop les yeux en phase. Ce qui n’est pas complètement faux d’ailleurs. Pas complètement …
oso
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le 20 nov. 2014

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oso

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