D’une certaine façon, The Neon Demon est le parfait exemple du film dont la forme dicte le fond. Quoi de mieux que de faire un film vide et pervers, pour montrer à quel point le monde de la mode à Los Angeles est vide et perverse ? Si c'est ça le propos défendu par Nicolas Winding Refn, alors il le dit haut et fort avec ce film.

Mais le doute est permis, voulait-il vraiment défendre ce propos ou voulait-il tout simplement pousser ses capacités cinématographiques un peu plus loin ? Je pencherais plutôt vers la seconde solution. J'ai vraiment l'impression qu'avec ce film, il souhaite juste pousser son esthétique visuelle à la limite, sans se soucier du fond. Non parce que, s'il y a bien une certitude avec The Neon Demon, c'est que le film est visuellement magnifique, mais qu'il manque de fond.

The Neon Demon raconte l’histoire d’une jeune fille de seize ans (Elle Fanning) qui déménage à Los Angeles pour poursuivre son rêve de devenir mannequin. Elle sait qu’elle est belle et s’impose rapidement dans le monde de la mode. Très rapidement, la jalousie des autres modèles ne fait plus aucun doute. Elle devra alors affronter la maquilleuse/sorcière (Jenna Malone) et ses deux sbires/mannequins (Bella Heathcote et Abbey Lee).

The Neon Demon commence très fort, le film est juste splendide, que ce soit sur un point visuel ou sonore. La photographie, la colorimétrie et toute la direction artistique est sublime, tout comme la BO électronique de Cliff Martine. Au début, l'histoire tient toutes ses promesses, car elle raconte tout simplement comment des modèles n'hésitent pas à poignarder dans le dos leur rivales, juste pour rester sous les feux des projecteurs. Elles sont bien conscientes que la beauté, ça ne durera pas éternellement. Comme le dit l'une des deux mannequins (je ne sais plus laquelle) sbires de Jenna Malone, la date limite dans ce métier ne dépasse pas 21 ans.

Mais voilà, alors qu'on commence à s'attacher au personnage principal interprété par Elle Fanning, c'est alors que Nicolas Winding Refn détourne notre attention, en introduisant de nombreuses scènes visuellement magnifiques, mais sans but et terriblement dérangeantes (la scène de nécrophilie se pose là). Et puis il y a un moment charnière vers la fin de la première moitié du film, où "tout part à vau-l'eau". Le fantastique fait son entrée dans le film avec la sorcière Jenna Malone et ses deux sbires qui prennent les choses en main. On se retrouve alors face à un thriller fantastique ...

La scène finale avec le cannibalisme est vraiment bizarre. C'est tellement bizarre que je me suis demandé si je comprenais bien ce que je voyais là ? Ce bain de sang, c'est bien le sang d'Elle Fanning ? Ont-elles réellement dévoré le corps d'Elle Fanning ?

Les trente dernières minutes du film, je ne pouvais tout simplement pas croire ce que je voyais, tellement j'avais l'impression d'être d'un seul coup dans un autre film qui n'avait plus rien à voir avec la première heure précédente.

Bref, l'histoire de ce mannequin de seize ans qui est littéralement dévorée par l’industrie de la mode, n’est au final rien de plus qu’un véhicule (ou une démonstration) pour l’exubérance visuelle de Nicolas Winding Refn. Si je devais trouver une analogie pour ce film ... regarder Neon Demon, c’est comme lire un magazine de mode (Vogue ou je ne sais quoi d'autre). Il y a beaucoup de pages dedans, remplies de photos glamours, mais très peu de textes. Vous pouvez le parcourir, mais vous ne trouverez aucun message dedans, juste de très jolies photos avec de très jolies mannequins. Personnellement j'en attendais plus de la part de Nicolas Winding Refn, mais si vous aimez parcourir les pages d'un magazine Vogue ... alors c’est peut-être le film qu’il vous faut.

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le 29 oct. 2022

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lessthantod

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