Les Bonnes étoiles est le dernier film de Hirokazu Koreeda, un drame social touchant qui repose beaucoup sur son ambiance très soignée et sur un casting vraiment très bon, en premier lieu Song Kang-ho (prix de la meilleur performance masculine à Cannes). Le scénario, écrit avec une grande intelligence et avec beaucoup de sensibilité, ouvre une discussion sur les droits des enfants (ou ici en l'occurrence, des bébés).

Sang-hyeon (Song Kang-ho), propriétaire d’une laverie automatique et son ami Dong-soo (Dong-won Gang) font du bénévolat dans une église avec une "boîte à bébés". Ils profitent de leur position, pour mener une activité illégale de vente de nouveau-nés à des familles riches sur le marché noir de l’adoption. So-young (Ji-eun Lee), une jeune mère qui revient le lendemain après avoir déposé son bébé dans la boîte, découvre leur opération et décide de se joindre à eux pour trouver la bonne famille pour son enfant. Alors qu’ils partent en road trip, deux détectives (Bae Doona et Lee Joo-young) sont sur leur piste ...

Quand le film a commencé, je n’avais jamais entendu parler des "boîtes à bébés", auparavant. J'ai cru un instant que c'était une invention du scénariste, pour un besoin dramaturgique ... mais non, très vite j’ai réalisé que ces boîtes existaient réellement en Corée du sud. Ainsi, une église a une boîte ouverte 24 heures sur 24 qui permet aux gens de déposer des bébés non désirés et de manière anonyme. Le style de cinéma vérité-tranche de vie de Hirokazu Koreeda permet de s'immerger tout de suite dans cette histoire poignante.

Ce n'est que le deuxième ou troisième film de Hirokazu Koreeda que je vois et à chaque fois j’ai été impressionné par la précision derrière ses choix stylistiques. Utilisant les multiples points de vue de ses personnages, le scénario de Hirokazu Koreeda présente équitablement le dilemme moral de vendre un bébé orphelin, sans jamais être prêcheur ou didactique ... bien qu'il se disperse par moment dans des intrigues secondaires peu intéressantes, mais j'y reviendrai plus tard.

Vaut-il mieux vendre un orphelin à une famille riche ou le laisser à l' orphelinat ? Une boîte à bébé devrait-elle exister ? La boîte sauve-t-elle les bébés ou encourage-t-elle simplement les gens à abandonner leurs bébés ?

Hirokazu Koreeda ne prend pas parti sur la question. Il vous montre le point de vue d’un personnage, puis vous présente le contre-argument et vous éloigne à nouveau avec un troisième personnage et le processus se poursuivre sans fin. Mais ce qui fait l'attrait principal du film, c’est qu’il n’y a pas de réponse claire et définitive. Personne n'est ni tout noir, ni tout blanc dans cette histoire.Puis Hirokazu Koreeda passe à autre chose et déconstruit sont film. Qu’est-ce qui fait qu'une famille est une famille ? Est-ce défini par le sang, par le mariage ou par le couple ?

Ce que j’ai apprécié dans Les Bonnes étoiles, c’est la façon dont il traitait un sujet lourd et déprimant avec de sensibilité, de poésie et de cœur. Hirokazu Koreeda aime ses personnages et défend les inadaptés, à tel point que son optimisme passe sous silence la résolution finale de l’histoire d’un clignement d'œil (la résolution finale n'est vraiment pas très claire et vite expédiée).

Les personnages sont intéressants et on en apprend plus sur chacun d’eux tout au long du film, une réussite compte tenu du nombre d’entre eux. Le film alterne assez bien entre un ton sérieux et drôle, et un certain nombre de blagues ont fait rire toute la salle de cinéma (salle à moitié vide, ceci dit).

Le film est loin d'être parfait, malheureusement. Un gros inconvénient pour moi (mais ce n’est peut-être que moi) se situe au niveau du rythme. Le film met beaucoup trop de temps à démarrer et se perd vers la fin, avec une sous-intrigue (mais liée au récit principal) largement dispensable, impliquant deux gangsters et la femme du père du bébé. Cette sous intrigue est très confuse, tout comme la raison pour laquelle les deux femmes flics enquêtent sans relâche sur eux. La fin est également fort peu satisfaisante, elle semble précipité et on perd le côté poétique qui jusque là imprégnait le film.

En fin de compte, le voyage en valait quand même la peine, bien qu’il semble manquer de dramaturgie pour réellement convaincre le plus grand nombre. Du film, je retiens surtout ces quelques moments de poésie très réussies (la métaphore du parapluie dans le couple).

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le 12 déc. 2022

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lessthantod

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