SI l’on compte la série des années 60, Batman n’a eu de cesse d’envahir nos écrans, les grands comme les petits. Se classant parmi les superhéros les plus fascinants, il a bénéficié de toutes sortes de versions et oscillés entre chef d’œuvres (Dark Knight), gros nanards (Batman et Robin) et version sujette à polémique (BvS). Quoi qu’il en soit, le héro à la chauve souris a été extrêmement exploité et pire encore, semble être ujourd’hui la porte de sortie pour la Warner qui mise plus que jamais sur Batman, pour cacher les atermoiements de son propre univers de superhéros.


Autant dire que la fenêtre était bien étroite pour Matt Reeves, pour pouvoir nous offrir une version réellement « jamais vue » du personnage.


Pourtant, le film y parvient, malgré quelques échos à la trilogie de Nolan. EN effet, il nous est offert un Batman qui passe plus de temps à jouer les Sherlock Holmes, dans un film à la David Finsher, qu’à castagner les méchants. Reeves y parvient également en poussant certains potentiomètres. Ainsi, le film est si Dark, que la trilogie de Nolan ou le Snyder Cut ressemblent à des comédies des Charlot. Cette version ne laisse qu’une infime lumière à l’humanité et n’accorde que peu d’espoir en quoi que ce soit. Le film pousse le côté Dark au maximum, n’épargne personne et prend un malin plaisir à nous plonger dans les dilemmes moraux des personnages. Enfin, le film se situe, à sa manière, dans la grande tradition de l’esthétisme associée à une mise en scène brillante, confortée par une bande originale pertinente, qui caractérise une majorité de films Batman. Le film est clairement un régal pour cinéphile au niveau de la forme et bien que cette qualité ne soit pas surprenante au regard des précédents films de Reeves, il faut le saluer. L’usage du flou, l’emploi des lumières, la façon de jouer avec la pluie, les flammes, les regards ou les miroirs, le film est réellement un bijoux de ce point de vue. Plus encore, les acteurs livrent une interprétation uniquement en vue de servir le propos et aucune fausse note n’est à souligner quant au casting.


Néanmoins, j’ai dû voir le film à deux reprises pour pouvoir m’exprimer sur celui-ci. La faute à un curieux paradoxe que j’ai essayé d’analyser. Le film me fascine sincèrement et m’est apparu presque hypnotisant par moment et pourtant, dans le même temps, j’ai ressenti une part d’ennui, ainsi que le poids des trois heures.


Je ne pense pas que ce soit un problème de rythme ou un manque d’appétence pour les films contemplatifs. En fait, j’ai cette terrible impression que le film prend trois heures pour pas grande chose dans son histoire. DU moins, rien de surprenant. Oui, Gotham est corrompu, mais j’ai bien l’impression que l’inverse eut été étonnant. Oui, d’un certains point de vue, pas tant de choses ne séparent finalement Batman de ses antagonistes. Oui, Batman passe du stade de vengeur ou celui de justicier, mais fallait t il en faire autant pour si peu ?
Deuxième chose qui explique mon ennui poli, le film manque un peu d’intensité dans ses pics et dans son climax. De même, on ne ressent pas d’effet d’entonnoir au fur et à mesure de l’enquête, laquelle a tendance à se diluer. Bref, l’effet du suspens est proche de zéro lorsque l’on connait un peu l’univers de Batman.
Enfin, la dernière chose porte sur l’atmosphère en général EN effet, comme je l’ai dit, on découvre un Gotham Dark, mise en scène par un orfèvre, avec un côté poisseux, film noir très pertinent. Néanmoins, le film n’ a pratiquement que cela, à l’exception de la toute fin, en stock. Au bout d’un moment, on finit par ne plus croire en cet univers excessivement dark et à ce Gotham, sans nuance, ou il pleut tout le temps. C’est bien une des raisons pour lesquelles je continuerais de préférer les films de Nolan et ceux de Burton : ils offrent suffisamment de lumière pour nous permettre de croire en leurs côtés sombres.
AU final, The Batman est sans doute une réussite et on ne pourra que saluer l’exploit de nous offrir une version majoritairement renouvelée du personnage, tout en soignant dans un écrin esthétique qui lui est propre. Néanmoins, on pourra se demander si vraiment les 3 heures de film, ou tout se noie, sans intensité et sans réel suspens étaient nécessaires.

ciceron
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le 14 mars 2022

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