Les critiques US doivent t'elles arrêter l'alcool??

A la veille du visionnage d’Eternals, la situation était assez inédite.
En effet, alors que la critique française tempère souvent l’engouement de la critique US pour les films du MCU, cette fois-ci elle peut venir au secours du film, considéré par les américains comme étant la pire production de cet univers partagé, même lorsque celui-ci se trimballe parmi ses 26 films, quelques scories comme Thor 2 ou Captain marvel.


Je sors de ma séance de cinéma et bien que je puisse avoir quelques points de reproches, je ne comprends ni même ne conçois la position américaine sur ce film. Ce n’est même pas une question partialité, car je n’entends pas cette position, de la même manière que je ne comprenais pas non plus quelques notes un peu trop généreuses attribuées à certains films de cet univers.


Non seulement les Eternels ne fait pas partie des pires productions Marvel, mais en plus, il se classe facilement parmi les 10 meilleurs films du MCU.


La manière de voir le film dépendra finalement des trois questions suivantes :
1) Est-ce qu’Eternals est plutôt un film science fiction teinté de l’esprit Marvel, ou un film Marvel teinté d’un film de science fiction d ‘auteur ?
2) Est-ce que le film assure un mariage heureux ou perd t il sur les deux tableaux ?
3) Peut-on accepter qu’un film couvre en 2H30 l’équivalent d’une story-telling d’une trilogie, en alternant à la fois les enjeux cosmiques et des drames intimistes , tout en devant développer 10 personnages ????


Je n’ai pas de réponse absolue à ces questions, mais je n’ai tout de même pas l’impression que l’on assiste à un film « Norman Bates » qui combat sa propre dualité. Au regard du film, il est évident que durant la production du film, deux visions se sont confrontées. Néanmoins, j’ai plutôt l’impression que l’on aboutit à un film riche, touchant, profondément humains et qui bien que souffrant d’une certaine candeur, pose des questions sur la trajectoire de l’humanité et des objectifs des Dieux. Le film croule quelque peu sous sa propre ambition, ce qui me laisse penser qu’une trilogie ou une simple série aurait été le format adéquat. Mais en aucun cas on ne pourra reprocher à cette production Marvel d’être vide et creuse.


Cette richesse de la narration est confortée par le travail de Zhao qui bascule avec bonheur du domaine de l’art et de l’essai à celui du blockbuster plus commercial. Le métrage est visuellement splendide, accompagné par une musique pas tout à fait mémorable, mais utile dans son rôle de soutient. Je n’évoque pas seulement l’usage de décors naturels rendant le film plus « palpable », mais aussi des cadrages plus intimistes et des manières de faire passer les émotions de façon pertinente.


Il est clair que le film comporte un découpage déconcertant et souffre des soucis de rythmes et de compréhension qu’offrent les multiples flashback. Parfois , il vaut mieux comprendre les choses « avant », qu’ « après ». Néanmoins, le film fonctionne car il parvient à caractériser les dix personnages principaux, en leur offrant, du moins pour certains, de vrais dilemmes humains et compréhensibles.


On peut ajouter, à ce propos, que certains points pourraient décevoir à la marge. Je pense en particulier des déviants qui bénéficient d’une explication logique à ce qu’ils sont (des prédateurs aux instincts primaires), mais dont on attends encore du background à l’égard du membre des déviants qui s’est développé. Bien entendu, qui dit Marvel, dit humour, avec une dose et une qualité variable entre chaque film. Ici, les Eternels alternent le chaud et le froid, entre les blagues bien sentis qui humanisent (ce qui est le véritable but du MCU derrière l’usage de l’humour), et des remarques qui tombent bien à plat.


Pour conclure, j’ai eu l’impression que le MCU était presque en « crise » ces derniers temps. Mais entre Shang Chi, Eternals et Loki (et une partie de Wandavision), l’univers ne va pas si mal et Les Eternels nous ouvrent, de surcroît des portes vers l’infini et l’au-delà.
Je pourrais également dire un mot sur la diversité représentée du film, qui amènera certains à se servir du reproche flou du "wokisme": Dans ce film, cette représentativité a du sens, si on part du principe que les eternels représentent eux-mêmes l'humanité. Ce n'est donc pas "gratuit".


J’ai l’impression que les Eternels subis un peu la même situation que Batman vs Superman en son temps (personnages qui existent dans le MCU…Sans doute en BD ! j’ai trouve la vanne méta assez cool !!). On a un film d’auteur, (trop) ambitieux, dense, un peu confus et mal construit, dramatique et intelligent sous certains aspects. Film qui pourtant subira la foudre des critiques américaines à sa sortie, mais qui engendrera plus de reconnaissance dans le futur (même s’il m’aura fallu la version longue de BvS pour ça !).

ciceron
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le 3 nov. 2021

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ciceron

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