Le pari de Michel Leclerc pour son 3e film (le premier pour ma part) était risqué ; livrer une comédie sur des pro-gauchistes, d'après ses souvenirs passé à Télé Bocal, et donc du coup éviter de tomber dans un film nombriliste, ou alors très prononcé politiquement.
Et Leclerc arrive à parfaitement éviter l'attaque bête et méchante à la droite et aux tout puissants, en proposant un habile jeux de miroir où chacun en prend pour son grade.Les piques envers la droite, mais aussi les piques envers ceux de la gauche, ceux de Télé Gaucho, projet anarchiste illustré dans une ambiance réussie et super plaisante dans un squat.
Qu'il soit un des ces activistes énervés ou un "riche plein aux as", chaque individu aura le droit à sa faiblesse, son bon moment ou son mauvais moment. Enfin dans les personnages principaux, les autres faisant un peu éléments du décor, éléments très sympas mais trop transparent. Ainsi les personnages de chaque parti se feront tirer vers le bas, non pas pour leurs opinions politiques mais parce qu'il sont, bêtement, humain. Et c'est la force du film, de ne pas tomber dans unbe stigmatisation aveugle. Bon qu'on se rassure, les moments qui tire sur les conservateurs de l'avortement et ce genre de moments sont délicieux....
Si Michel Leclerc réussi ce côté, le scénario (co-écrit par Thomas Lilti, qui réalisera Hippocrate en 2014 et Médecin de Campagne en 2015... deux autres films avec Félix Moati) s'avère par contre le point faible du film. Très maladroit et privilégiant trop à mon goût la vie de Victor, j'attendais un regard plus centré sur Télé Gaucho. Pas que la vie de Victor soit inintéressante, j'y reviendrais, mais on à un sentiment de vide de ce côté-là. L'histoire avec Clara manque de vraie fraîcheur, de surprise et de dynamisme, et le personnage peu attachant de cette dernière n'aide malheureusement pas.
Là où l'écriture se révèle plus appréciable, c'est dans l'humour ; beaucoup de gags fonctionnent vraiment bien et donnent beaucoup de peps à l'ensemble. J'ai éclaté de rire quelques fois, il y aune vraie fraîcheur de ce côté là, et c'est vraiment appréciable.
Et ce qui tire aussi le film vers le haut, c'est Félix Moati et son personnage. Diablement attachant, le petit passionné de cinéma qui rêve son futur est campé avec un dynamisme par le jeune acteur, et ce sans jamais tomber dans le lourdingue (contrairement à Sarah Forestier, ayant joué dans le précédent film du réalisateur, le Nom des Gens, qui ici tend un peu trop souvent vers le mauvais côté sur le maigre fil qui survole la lourdeur). J'adore énormément cet acteur, qui promet de très belles choses pour l'avenir, et qui ici obtient son premier vrai premier rôle. Son personnage est donc vraiment attachant, de par sa maladresse et ses aspirations. Dommage que son histoire d'amour ne suit pas !
Au niveau des acteurs on retrouve un bon casting ; Emmanuelle Béart au jeu bien efficace, Éric Elmosnino, après son César pour Gainsbourg, Vie Héroïque, qui campe ici un anarchiste presque bipolaire aux répliques cinglantes, qui est ici bien solide,et Maïwenn, que j'aime beaucoup (surtout en temps que réalisatrice avec Mon roi et Polisse) mais qui ne m'a pas pleinement convaincu ici, avec son jeu hystérique collant avec le personnage, fatiguant.
Au final, Télé Gaucho est un bon exemple de film au caractère politique qui ne finit pas en bête attaque, montrant les faiblesses de l'humain non pas d'après ses opinions politiques, mais par ses faiblesses en temps qu'humain, tout simplement. Jeu habile et loin d'être grossier, le tout est accompagné d'un très bon humour qui fait mouche à plusieurs reprises, et porté par le génialissime Félix Moati. Dommage que ce soit aussi maladroit dans l'écriture et le traitement de ses personnages, mais on passe un très chouette moment. Attachant !