Dans la lignée des spin-off annoncés sur la planète Star Wars, après Rogue One – A Star Wars Story, Disney nous livre Solo – A Star Wars Story, centré sur les débuts du personnage emblématique, incarné par Harrison Ford. Après des problèmes de production qui ont mené au départ de ses deux réalisateurs initiaux, Phil Lord et Chris Miller, remplacés par Ron Howard, le projet ne s’engageait pas sur la meilleure voie. Ce long métrage étant tout de même présenté en hors compétition au festival de Cannes, est dépourvu de tout ce qui fait la richesse des Star Wars. C’est un blockbuster sans âme, terriblement mécanique dans sa construction, avec un scénario sans enjeux palpitants. Au lieu de prendre le temps de nous présenter ses personnages et leur donner une épaisseur psychologique, le film n’offre que des scènes d’action sans inspiration. Plutôt que de nous montrer un cheminement qui mène vers le Han Solo connu de tous, on découvre une version pré-mâchée du personnage. Sa rencontre avec Chewbacca ou la scène du pari gagné du Faucon Millenium, complètement sous-exploité dans le film, semblent alors être des passages obligés pour flatter les fans mais sans prendre soin de magnifier ces moments-clés. L’ensemble est d’une tiédeur inouï, nous livrant un méchant de pacotille avec lequel le pauvre Paul Betany (Dryden vos) tente de se débattre comme il peut. Quant à Alden Ehrenreich (Han Solo), les premières images diffusées quelques temps avant sa sortie le laissait présager, il n’a pas le charisme d’Harrison Ford et sa prestation transparente ne rend pas justice à ce personnage à la gouaille certaine. Face à lui, Emilia Clarke peine à convaincre, à l’image de Terminator Genisys. Tandis que Donald Glover est sans doute celui qui s’en sort le mieux mais sa présence à l’écran est malheureusement assez réduite. On peut sauver malgré tout les orchestrations musicales soignées mais le sentiment de gâchis est énorme devant ce film. Même si la photographie est correcte, on peut déplorer la laideur de certains plans. De plus on peut apprécier un léger humour bien équilibré qui fait bien le travail. La faute n’est pas à imputer systématiquement à la mise en scène de Ron Howard dont la patte ici est impersonnelle et parfaitement méconnaissable. C’est davantage Disney et leur gestion de ce projet qu’il faut blâmer. En dehors de vouloir « se faire du fric », on ne voit pas bien ce qui aurait pu pousser Disney et LucasFilm à faire ce film. S’il reste plutôt un bon divertissement, cet opus n’apporte (presque) rien à la saga de George Lucas. On termine alors sur une note triste, Star Wars n’est plus un évènement marquant comme auparavant mais tend à devenir un produit marketing comme un autre, aussitôt consommé, aussitôt oublié. On peut désormais se poser une question face à cela, Disney est-il vraiment en train de couler le mythe créé par George Lucas ?
Léo Jacquet
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