
La 1ère saison de Stranger Things est un énorme succès et une grande surprise en 2016 sur la plateforme Netflix. Ce qui a créé une énorme attente sur cette nouvelle saison. Comment renouveler en effet cette pépite nostalgique ? Les frères Duffer ont eu la réponse. Celle de ne rien changer mais de faire plus grand, plus impressionnant. La saison 2 va donc au-delà de la nostalgie, car elle est plus réfléchie, plus dure, plus tendue mais aussi plus lente à démarrer, avec comme élément déclencheur les visions de Will (Noah Schnapp, enfin utilisé à sa juste valeur). Il est confronté à une nouvelle entité maléfique au design lovecraftien. Par contre, les thématiques restent inchangées, toujours dans la lignée du cinéma de Steven Spielberg. On suit alors toujours cette bande de gosses, partis en croisade à vélo contre les ténèbres ou plutôt l’Upside Down et l’irresponsabilité des scientifiques de Hawkins. On y retrouve le thème du traumatisme qu’il faut surmonter pour finalement grandir. Plus mature, l’action se révèle également plus violente malgré le fait qu’elle soit encore trop réservée. Le temps est bien ajusté pour pouvoir développer parfaitement la mythologie de la série en diversifiant les intrigues, notamment par le biais de révélations sur le passé d’Eleven (Millie Bobby Brown, aujourd’hui nouvelle icône de la pop culture qui est ici plus forte que jamais). Il ne faut rien que le temps d’un épisode entier, pour nous faire explorer une autre facette de la série, en donnant des perspectives réjouissantes pour la suite, en introduisant des personnages comme celui de la sœur d’Eleven, Kali et de sa bande. Kali est également dotée de pouvoir psychiques. Cet aparté, fait référence à X-men en évoquant la dualité Charles Xavier/Magneto ainsi que les ennemis des X-men, ce qui donne l’occasion de montrer les différentes façons d’utiliser ce pouvoir psychique ; en succombant à la vengeance ou au contraire en choisissant de l’utiliser par bonté. J’attends donc quel sera le rôle de cette sœur et l’importance qu’elle aura dans la troisième saison.
Une autre intrigue apparaît dans cette saison, celle de Nancy et Jonathan (Natalia Dyer, Charlie Heaton) qui est personnellement très réussie. Ces deux personnages cherchent à faire tomber le laboratoire. C’est une intrigue qui décrit toute une époque. Celle de l’Amérique de Reagan post-Watergate qui, face à une URSS en déclin, cherche de nouveaux ennemis. Entre les complots et les écoutes téléphoniques, cet arc de la saison évoque la thématique des autorités cachant la présence du surnaturel. Un sujet qui annonce le succès des séries comme X-Files, dans les années 90. La relation entre les adultes et enfants est également plus intéressante et surtout plus profonde émotionnellement. On le remarque avec surtout l’acting de David Harbour qui est impressionnant et même touchant, en flic hanté à la recherche d’une fille de « remplacement » en prenant le personnage d’Eleven. Ce qui génère des conflits entre lui et Eleven. Je retiens aussi le personnage de Steve Harrington (Joe Keery), ex-petit ami de Nancy qui est reconverti en « baby-sitter » plutôt efficace. Par contre je me suis plutôt lassé de voir Winona Ryder, cloisonnée dans son jeu erratique. Les ajouts de Sadie Sink (MadMax) et Dacre Montgomery (Billy) amènent un peu de sang neuf plutôt appréciable, mais malheureusement leurs personnages n’apportent pas grand-chose à l’intrigue. Par ailleurs le personnage de Sean Austin, trésor plaisant à revoir après avoir marqué les esprits dans notamment Les Goonies et la trilogie des Seigneurs Des Anneaux. Il reste relativement superflu, ne servant que de prétexte pour relancer la tension dramatique dans le dernier tiers, ce qui est très dommage.L’autre grande marque de fabrique de Stranger Things est bien sûr son grand nombre de références. Une nouvelle fois, la saison 2 à été pensée comme une gourmandise visuelle ainsi que narrative. Pour quiconque qui s’intéresse à la pop culture, il remarquera les clins d’œil aux films cultes de la décennie 80. Outre Spielberg, les citations, explicites ou non, se multiplient au fil des épisodes, comme Ghostbusters, Les Guerriers de la Nuit, Terminator, Les Dents de la Mer, ou même encore Halloween de John Carpenter. Les références de cette saison sont utilisées de manière plus pertinente dans les derniers épisodes. Si la première saison évoquait Alien, dans sa construction horrifique et dans l’individualité de la menace (le Demogorgon), cette dernière débouche sur une célébration à Aliens. Avec les derniers épisodes qui sont résolument orientés action et voient la multiplication des menaces. Ainsi, la création du monstre du la saison 1, incarné par un homme en costume, laisse place ici aux effets numériques avec les « demodogs », nouveaux avatars du upside down, parfaitement animés, bien que leur design manque d’originalité. Les scènes dans les souterrains vénéneux de la ville et de chasse dans le laboratoire font pensées aux péripéties de Ripley (d’Alien) dans la colonie.
Enfin la bande-son, à nouveau assurée par Kyle Dixon et Michael Stein, est une nouvelle fois parfaite. Entre créations originales aux Synthé et titres de Scorpions, Clash, Metallica et autres. Quant à l’image en full HD, c’est un élément également très appréciable, qui vient rendre honneur à l’upside down qui toujours plus inquiétant, plus organique et plus grouillant. Si cette saison manque parfois de subtilité, elle se regarde avec un réel engouement. Car Stranger Things est bien à l’image d’Halloween, une réjouissance, certes commerciale, qui ne fait pas peur, mais qui promet son avalanche de plaisirs avec un charme très séduisant.
Léo Jacquet
https://lecoincritique.wordpress.com/2018/01/28/stranger-things-saison-2/