Désenchantée
6.3
Désenchantée

Dessin animé (cartoons) Netflix (2018)

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« Direction le royaume médiéval en ruines de Dreamland pour suivre les
mésaventures de Bean, une jeune princesse picoleuse, de son compagnon,
un elfe chicaneur nommé Elfo et de son propre démon, Luci. En chemin,
le fantasque trio rencontrera des ogres, des lutins, des harpies, des
diablotins, des trolls, des morses et beaucoup d’humains idiots. »



Après l’excellent BoJack Horseman de Raphael Bob-Waksberg, série animée ultra auto-référentielle sur les déboires d’un acteur has been, suivi par Troll Hunters en 2016, puis l’incroyable Big Mouth de Nick Kroll et Mark Levin en 2017, voici Désenchantée (Disenchantment en version original). La nouvelle série de Matt Groening qui arrive sur le géant du streaming, Netflix. Matt Groening étant créateur des Simpsons et de Futurama, revient pour nous raconter les aventures d’une princesse pas comme les autres. Bean, héritière du royaume de Dreamland, va se retrouver, comme les chevaliers de la table ronde, dans une quête itinérante au cours de laquelle elle rencontrera toutes sortes de créatures. Netflix est derrière le projet à cent pour cent, puisque la compagnie commande deux saisons d’un coup, preuve que ceux qui prennent les décisions du haut de la tour d’acier de la plate-forme de streaming, ont toute confiance en la série.


Désenchantée démarre de façon assez balourde. On est au pays des contes de fées, peuplé de princesses, de rois, d’elfes, de magie et châteaux en tous genre, mais naturellement, les codes des vieilles histoires folkloriques ne s’appliquent pas ici. La princesse Bean (pour « haricot », un clin d’œil au célèbre conte de Jack et le haricot magique) ne passe pas son temps à attendre le prince charmant en travaillant son point de tapisserie, mais se saoule régulièrement, perds son argent de poche au tripot et se comporte généralement de façon peu royale. Aux pays des elfes, Elfo (pour Elfe) en a assez de travailler à la fabrique de bonbons et se demande ce que ça peut bien faire de ne pas être heureux tout le temps. Quant au petit démon Luci (pour Lucifer), il est envoyé par un couple de sinistres magiciens pour pousser la princesse du côté obscur. Sous l’influence de ce dernier, Bean se rebelle encore plus contre son père qui veut la marier au prince d’un royaume voisin, et s’échappe avec Elfo et Luci. Voilà notre princesse seule avec ces derniers sur les routes de ce royaume, poursuivie par son fiancé qui n’a pas l’intention de laisser une alliance politique s’effondrer sous prétexte que sa future femme a l’intention de choisir son destin. Désenchantée reprend tous les fils narratifs qui avaient fait de Shrek un succès international, de la princesse pas sage, jusqu’au détournement des archétypes du folklore européen, et tente de créer une série plus “adulte” que les aventures de l’ogre vert dans son format d’une trentaine de minutes.


D’un point de vue visuel, la marque “Groening” est là : le même trait, le même genre d’animation, la même utilisation brillante de palettes de couleurs, la même direction créative qu’on a appris à connaître avec Les Simpsons et Futurama. Mais si le légendaire créateur était tout à fait à l’aise dans la satire de l’Amérique moyenne, on le sent moins corrosif avec la monarchie. Pour ceux qui s’attendaient à un commentaire pointu sur le privilège royal, le traitement des femmes au Moyen-Âge et les relations entre races, on vous conseille de revoir vos attentes à la baisse. Bien sûr, l’héroïne a du caractère. Bien sûr, les répliques fourmillent de clins d’œils et de référence au monde d’aujourd’hui, et bien sûr, la subversion du genre est extrêmement présente, mais là où Les Simpsons se feraient un plaisir de tailler un costume, Désenchantée se contente seulement d’effleurer du doigt sans réelle conviction. La faute au fait que les Américains n’ont pas le même vécu que nous, n’ayant jamais eu de rois, de population divisée en trois états, de loi de vassalité, de guerre de succession, de droit de cuissage ? Peut-être. Ou alors les scénaristes étaient juste moins inspirés cette fois-ci. Malgré un cliffhanger final des plus surprenants qui nous donne envie de voir la saison 2, Désenchantée reste une série fort sympathique, mais qui manque de mordant dans son écriture et qui nous fera regretter la grande période des Simpsons. Il nous reste qu’à voir durant la saison 2 si cette série utilise tout le potentiel qu’elle a entre ses mains pour pouvoir devenir un classique comme ses deux prédécesseurs.


Léo Jacquet


https://lecoincritique.wordpress.com/2018/09/03/desenchantee-saison-1/

leo_j
7
Écrit par

Créée

le 3 sept. 2018

Critique lue 494 fois

Léo  Jacquet

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