Fear is the key est un polar / action movie surprenant. Au bout d’une demi-heure, une curieuse impression que tout a déjà été livré se fait ressentir. Posé lors d’une introduction sans bout de gras de 5 minutes, le principal enjeu dramatique du film commence à se cristalliser à l’occasion d’une course poursuite dantesque propulsée à la créatine pure. Certes le plaisir est à son paroxysme, et ce après une demi-heure d’antenne à peine, mais une petite inquiétude à propos de la suite pointe le bout de son nez. Comment Michael Tuchner va-t-il pouvoir générer à nouveau de l’intérêt pour une séance qui a démarré sur les chapeaux de roue, dans les crissements de pneus et les exécutions sommaires, sans prendre la peine de faire monter la tension avant de faire tomber les corps si férocement : les cartouches n’ont-elles pas été tirées trop tôt ?


La belle surprise, c’est qu’il n’en est rien. Le rythme retombera certes un poil entre les festivités de la première heure et le dévoilement des tenants et aboutissants d’une intrigue à deux temps, mais le jeu en vaut la chandelle. Fear is the key est un pur produit de son époque, une série B nerveuse qui profite de l’ambiance paranoïaque des seventies. Bien plus maline qu’elle n’en a l’air de prime abord, elle saura récompenser tous les courageux qui accepteront de naviguer à vue vers la clé du mystère.


Conscient du côté exigeant de son histoire, Michael Tuchner met les bouchées doubles niveau mise en scène, histoire de compenser les interrogations par la poudre. Son film se construit généreusement dans l’action avant de faire narrativement sens : Fear is the Key est parfois cité comme référence en matière de course-poursuite, c’est amplement mérité, le jeu du chat et de la souris qui se joue entre truand et polices de la route en première instance est de haute volée. Il permet également d’introduire la seule personne qui permettra au spectateur d’y voir plus clair sur la distance : Barry Newman, omniprésent, charismatique en diable et physiquement très investi, est de tous les plans. Dommage que le reste du casting soit un peu à la traîne : les enflures sont nombreuses mais un peu fadasses et, plus embêtant, Suzy Kendall, l’atout charme de Tuchner a bien du mal à trouver sa place. A sa décharge, son personnage est certainement le moins bien écrit, ou le moins exploité, au choix.


Ce petit souci mis à part, et si l’on passe quelques grosses ficelles, Fear is the key est une sacrée bobine, intelligente dans son déroulement narratif et généreuse quand il s’agit de récompenser les plus circonspects à grand coups d’action. Un pur produit des seventies qui assume sans rougir son statut de série B sophistiquée —à raison, les producteurs des années 2010 devraient en prendre de la graine— et ravira les amoureux de cette époque ainsi que les amateurs de belles images.


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-- 7.5/10

oso
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le 9 oct. 2016

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