La dialectique peut-elle casser des bricks ?

Un couple de mannequins influenceurs est invité à participer à une croisière sur un yacht de luxe. Passées les premières minutes en forme de tacle contre le monde de la mode, Ruben Östlund nous livre une sorte de fable philosophique. Ce bateau représentera la société capitaliste, avec ses classes.

Les cols bleus, travailleurs de l’ombre qui font tourner la machine sans avoir le droit d’exister. Les cols (ou uniformes) blancs, la classe moyenne constituée du personnel navigant et servant. Pas vraiment pauvres, mais terriblement hypocrites pour tenter de monter, sachant qu’ils n’atteindront jamais le dernier niveau. Composé des ultra riches et des influenceurs, allègrement critiqués.

Cette dernière caste est une cible facile, l’immense majorité des spectateurs au cinéma n’en faisant pas partie. Toutefois Ruben Östlund livre quelques moments assez délicieux, en montrant que même avec de bonnes intentions, leur égoïsme et leur déconnexion de la réalité feront souffrir ceux d’en bas.

Et puis il a cette dernière partie paraissant un peu gratuite, mais amenant des idées bienvenues. Le fait que l’individualisme n’est pas propre aux classes, mais demeure humain. Et confronter ceux qui ont tiré le maximum du capitalisme à leur propre doctrine : le statut social vient de la valeur que l’on apporte dans la société, les assistés ne sont pas les bienvenus.

Entre toutes ces idées, il faut avouer qu’il y a quelques chutes de rythmes (certaines scènes auraient pu être écourtées). Mais les cadrages souvent statiques sont millimétrés, et les acteurs très bien dirigés. On note la présence de Charlbi Dean, jeune actrice avec un faux air de Cameron Diaz (!), malheureusement décédée peu avant la sortie du film.

Redzing
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le 10 févr. 2023

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le 10 févr. 2023

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