Les 120 jours de Sodome






« Rien n'est plus contagieux que le mal. »

Je l'avoue. Par pure provocation, j'ai regardé ce film.

Je m'étais gavée de George Bataille, la veille. Alors, dans ma lancée, j'ai regardé ce film. « Les 120 jours de Sodome ». Le titre m'évoquait un roman du Marquis de Sade.

A la manière de l'Enfer de Dante, le lent supplice qu'est ce film est divisé en Girons. La référence sexuelle est aussi évidente que la référence infernale.

Il semble ne jamais connaître ni de fin, ni d'apaisement, ce long, long métrage.

Film assourdissant, il ressemble à un coup de poing ou de butoir violent, sans équivoque, sans tendresse. J'en ai encore la tête qui me tourne, le cœur qui divague, et l'estomac qui me démange.

De la mort, de la merde, de la nausée, de la chair et du sang, de la lubricité, des insultes cuisantes, des culs, des giclées, des corps qui s'entrechoquent, des sons qui assourdissent tout, tout, tout.

Une réussite. Dérangeante, glauque, cruelle, malsaine, mais une réussite tout de même. Il existe donc un film que je n'aurais pas pu regarder sans me dissimuler le regard.

C'est après avoir visionné ce film que l'on réalise. Que l'on réalise le pire. Quoique, lorsque l'on parle de goûts sexuels, je n'aime guère dire ce qui est bien, et ce qui est mal. « Rien de ce qui se fait dans un lit est immoral s'il contribue à perpétuer l'amour », disait un grand auteur dont le nom m'échappe. Mais ici, ce n'est pas de l'amour, non, non. Tout ce qui se fait entre les murs du vaste palais où est tourné ce film ne contribue qu'à perpétuer l'avilissement et l'humiliation. Ce qui m'aura donc dérangé, dans ce film, ce n'est pas l'ensemble des actes sexuels qui grouillent durant ces 1h51-même si certains se passent de mots- mais la manière dont on peut forcer, forcer, violenter, effacer tout consentement.

La seule chose que je regrette sera une diabolisation de pratiques sexuelles jugées déviantes par la société. Travestissement, scatophilie, sodomie, pour n'en citer qu'une partie.

Cependant, après quelques jours de réflexion, j'en viens à me dire que « Les 120 jours de Sodome » peut facilement passer pour un film où la violence et l'horreur sont gratuites, au point de faire de ce long métrage un déchaînement pur et simple. Mais un déchaînement traumatisant tout de même.
Neena
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le 26 août 2012

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