"J'ai pas compris..... et en plus c'est chiant , ya deux combat dans tout le film alors que wallah c'est sensé etre un film de boxe qui fait bien plaiz dans le plus grand des calmes , en plus jlai vu avec 5 potes je pensais que genre on allait faire des paris sur les 8 combats du films sauf que le premier sert a rien et il perd le dernier ( désolé pour le spoil ah non en fait jmen branle mdr ) fin bref regardez le pas il vaut pas le coup c'est pas ce que je pensais c'est nul"
Sans partager le dépit de ce jeune sauvageon de Senscritique (profil très rare), il est intéressant de noter que sa chronique chiée en 2 deux minutes et sans recours au Bescherelle, traduit assez bien l'image qu'une partie du public peut avoir de ce film d'auteur. Et ce sont certainement les suites ainsi que les choix de carrière Stallone qui se trouvent à l'origine cette incompréhension.
Car Rocky est bien un film d'auteur. Souvent mis dans le même sac que Van Damme ou Chuck Norris, Stallone a explosé aux yeux du monde avec un film sobre et intimiste, qui compte seulement deux scènes de boxe. Le point central n'est pas un ring, mais les ruelles miteuses et froides de Philadelphie, où se noue une histoire d'amour entre deux trentenaires cabossés par la vie et les humiliations.
Le script de Sylvester Stallone regarde moins du côté de Kickboxer que de Requiem pour un Champion (écrit par Rod Serling). Rocky est un boxeur raté en fin de carrière qui arrondit ses fins de mois en jouant les collecteurs de dettes pour un caïd local. Il s'amourache d'Adrian, la sœur d'un copain, Paulie (le fantastique Burt Young). C'est un trio écrasé par les complexes, les rancœurs et qui rêve juste d'une vie meilleure.
Adrian (Talia Shire) est du genre "coinços". Look de vieille philatéliste avec une haleine de chercheur d'or, elle bosse dans une animalerie et n'ose pas répondre à l'œillade du plus si jeune boxeur, quand il vient acheter de la bouffe pour ses tortues. Elle s'émancipe au fil de sa relation, et change pour devenir une femme désirable qui regarde les gens dans les yeux. Rocky, lui s'enlise dans des combats pour des clopinettes, il prend de l'assurance à mesure que son entraînement se durcit et que l'échéance se rapproche. Car cet illustre inconnu à qui la salle de sport a sucré son casier, et auto surnommé "L'étalon italien" avec un brin d'ironie, a été défié par le champion du monde en titre, Apollo Creed ( Carl Weathers), pour un événement de boxe unique.
Et à travers ce combat, on observe une critique pertinente de la communication envahissante dans le sport. Le film date de 76 et il est assez moderne et presque subversif dans son traitement. Apollo est un boxeur noir très fortuné avec la grande gueule de Mohamed Ali, mais le patriotisme de George Foreman. En face, c'est le boxeur blanc qui incarne le prolo de la rue. L'importance de la com est également mise en lumière du côté de Rocky, puisque Paulie organise des rencontres avec les journalistes dans l’abattoir, afin que l'étalon tape dans des quartiers de viande. Des images marquantes, tout comme l'entraînement dans les rues de la ville, le footing sur les marches du musée d'Art, le petit-déjeuner du champion à base d’œufs crus...
Stallone se donne un rôle en or qu'aucun autre acteur hollywoodien de l'époque n'aurait pu assumer. Un gros costaud, balourd, mais qui a conscience de ses limites. Un héros éminemment sympathique et un rôle comme il n'en a jamais retrouvé. Et Rocky n'est tellement pas un film de boxe, que les scènes de combat sont ratées. Mais on s'en fout, parce que ce n'est pas le sujet du film.
Rocky est un grand film, et les suites de plus en plus déprimantes sont de complètes trahisons de l'esprit initial. Il beugle à l'issue du match : "Il n'y aura pas d'autre combat". Et pourtant... Cette affirmation illustre la trahison ultérieure. Le succès colossal va engendrer les pires suites. Touchant de vulnérabilité, il va se transformer en symbole de l'Amérique triomphante. On répondra bien que le personnage est la quintessence du rêve américain, parti de rien, il faut bien côtoyer la grandeur, mais on aura toujours une préférence pour le pauvre gars au bord des larmes parce que son casier est condamné. Bien plus en tous cas, que pour la machine à fric très premier degré des épisodes 3 et 4.
Pour répondre au type qui n'a pas compris le film, Rocky a perdu le combat, mais il a quand même gagné à la fin. S'il supporte le noir et blanc, je lui recommande Gentleman Jim, là ça bastonne bien.