Je ne suis pas sûr que la dimension de fresque donnée au film par son récit sur plusieurs années soit juste. Davy Chou ne raconte pas si bien que ça comment le temps passe et les gens changent, tournant autour d'une seule et même blessure fondamentale toute leur vie. L'intention est là, mais le résultat ne m'a pas convaincu. La chronique de la première partie (le premier retour à Séoul) est excellente, mais ensuite, tout ce qui concerne le travail, les armes, la sexualité, Tinder, l'amour, les tatouages, le véganisme, le froid du coeur, le sac à dos, me semble plaqué et pas senti.
C'est ma seule réserve au sujet de ce très beau film. En revanche, Retour à Séoul suscite ma totale admiration lorsqu'il s'empare du motif de la musique : celle qu'on perçoit de loin et qu'on reconnaît, celle qu'on aime d'emblée, celle qu'on veut découvrir, celle qui fait danser, celle qu'on a composée pour l'autre, celle qu'on se résout à jouer un jour lorsqu'on est seul et qu'il n'y a rien à faire. La blessure, par la musique, trouve à se sublimer. Le personnage danse, et la musique a tout changé. Elle n'a rien réparé mais tout a changé. C'est formidable de parvenir à montrer ça, ce mouvement de l'âme.