Pulp Fiction : une ancienne victime de l'adolescence témoigne...

Mon crime de jeunesse fut de ne pas avoir aimé Pulp Fiction. Jeune ado romantique et idéaliste, je ne pouvais supporter un univers aussi brutal, un univers si loin de mes divagations oniriques. Je voulais du transport amoureux à la pelle, je voulais du sentiment, du mièvre, en somme tout l'opposé de ce film. Pulp Fiction pour moi c'était trop vulgaire, je trouvais les personnages moches, le tout un peu facile, j'accomplissais un effort colossal pour parfaire une liste absurde de défauts : lenteur, vide scénaristique, réalisation maniérée, prétention... Et puis j'avoue que j'avais du mal avec le hype : à force d'entendre tous ces jeunes BG qui adoptaient la culture jeune, qui parlaient jeune, qui riaient jeune, qui mangeaient jeune, ériger ce film en chef-d'oeuvre (à côté de Requiem for a dream, Snatch et autres Fight Club), mon esprit de contradiction ne pouvait s'empêcher d'opérer.

Aujourd'hui, bien des années plus tard, après un travail de réconciliation avec le cinéma tarantinesque, je décidai de me repasser ce qui se présente toujours comme son chef-d'oeuvre ultime. Un tout autre regard me fit apprécier ce puzzle filmique. Les répliques firent enfin leur effet, ce cynisme débordant me transporta, et comble du comble : Uma Thurman que j'avais à l'époque trouvée nullissime, me charma au plus haut point par son interprétation d'une femme fatale déjantée et sans complexes (ah cette scène de danse ! mémorable ! j'en susi encore tout remué de l'intérieur). Des passages me firent beaucoup rire, comme celui de la cave SM que j'avais complètement oublié, ou encore Samuel L Jackson et Travolta en short et T-Shirt... Oui, ce qui me laissait de marbre à l'époque me fit aujourd'hui beaucoup rire ! Bref ce film me toucha enfin et c'est tant mieux ! Il m'aura fallu du temps pour mûrir, pour me débarrasser de mes préjugés et pour enfin comprendre où se trouve le talent de Tarantino. J'ai enfin pu apprécier ce rythme fou, cet univers, ce décalage, et j'en suis tout chamboulé. J'apprécie aujourd'hui le côté désinvolte de Tarantino, décomplexé vis-à-vis de la mort (on tue à tour de bras sans passer par la case morale), jamais trop sérieux, ce côté défouloir qui fait un bien fou. Je pense qu'il faut cultiver son second degré pour apprécier ce film, et c'est ce qui nous manque à l'adolescence (enfin ce qui manquait à la mienne du moins) où tout est pris au pied de la lettre. Il faut ajouter qu'à l'époque je l'avais vu en VF et qu'aujourd'hui ce fut en VO, ce paramètre a sûrement lui aussi un impact dans mon changement de jugement.

Pulp Fiction c'est en fait une sacrée claque, un monument de désinvolture, une bourrasque des plus fraîches, et c'est sans regret que je trahis l'adolescent que je fus.

Promis je me referai aussi Reservoir Dogs un de ces quatre, et je reverrai mon jugement s'il le faut.

PUIS CETTE PUTAIN DE MUSIQUE QUI RESTE DANS MA PUTAIN DE TETE ! Ce riff dingue que les Black Eyed Peas ont failli me pourrir... FUCK !
King-Jo
9
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le 1 févr. 2013

Modifiée

le 1 févr. 2013

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King-Jo

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