Si je ne vois pas trop ce que le film souhaite raconter ni où est-ce qu’il veut en venir, c’est son ambiance qui m’a séduit, comme souvent avec le cinéma d’Olivier Assayas, qu’importe le genre, encore moins le sujet. Il y a une situation puis on l’oublie, il l’oublie, se laisse guider par son instinct et parfois ça débouche sur des trucs absolument passionnants comme ici mais qui ne relèvent aucunement d’un destin de scénario habituel.


 Prix de la mise en scène généreux mais pas si usurpé tant Personal shopper tient énormément là-dessus. Pas uniquement puisqu’il y a Kristen Stewart, une nouvelle fois exceptionnelle, comme elle l’était déjà dans Sils Maria, le précédent (très beau) Assayas, sauf qu’ici on ne voit qu’elle ; Les personnages secondaires sont quasi spectraux, pourtant je me faisais une joie d’y croiser Lars Eidinger (Everyone else) et Anders Danielsen Lie (Oslo, 31 août).
Jamais je ne l’avais sentie aussi investie, littéralement habitée par son personnage d’assistante de star / acheteuse de produits de mode (femme de l’ombre qu’elle incarnait déjà mais autrement dans Sils Maria) mais aussi médium tentant de nouer contact avec le fantôme de son frère jumeau décédé.
Qu’il s’agisse d’une vieille bâtisse lugubre, d’un appartement au luxe froid ou d’un train, Assayas filme ces endroits (et son actrice dans ces endroits) avec une intensité désarmante. L’interminable séquence SMS dans le TGV devient absolument géniale justement parce qu’elle s’avère interminable. Celles qui la voient se transformer en se parant des accessoires dont elle rêve secrètement, alimentent une dimension érotique aussi brutale qu’abstraite. C’est dans ses creux que le film fascine le plus.
On est dans une veine similaire à celle de Boarding gate, pas celle que j’affectionne le plus chez Assayas même si là-encore j’y ai suffisamment trouvé mon compte, au détour de vibrations très fortes ou simplement grâce à Kristen, dont chacune de ses apparitions – avec ou sans pull gris jaune / bonnet wesh wesh / robe noire boobs apparents – emplit le cadre et lui offre un point de fuite, à l’image de ce prodigieux et troublant dernier plan.
JanosValuska
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le 20 janv. 2017

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JanosValuska

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